L'HISTOIRE DE LA NEO GEO
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GRANDEUR ET DECADENCE - SUITE
Après un tel désaveu du public, difficile d'imaginer que l'on puisse encore programmer des jeux en 2D qui rencontrent du succès. Et pourtant, les géniaux programmeurs de la firme nippone vont produire un millésime 1996 qui restera dans les mémoires des aficionados l'un des meilleurs de la Neo Geo. La vieillissante 16-bits offre cette année-là une vague de titres exceptionnels, pouvant être évalués pour plusieurs d'entre eux parmi les meilleurs jeux de la machine. Art of Fighting 3, Fatal Fury Real Bout Special, The King of Fighters 96, Kizuna Encounter, Ninja Masters, Neo Turf Masters, Waku Waku 7, Samurai Shodown IV, Ultimate 11, Metal Slug..... et j'en passe. La fameuse limite théorique de 330 mégas est atteinte avec le Ninja Masters d'ADK, remarquable de beauté et de technicité, mais elle est carrément explosée avec les titres de SNK comme Real Bout Special, le Kof 96' ou encore Samurai Spirits IV. Le stockage sur Eprom ayant beaucoup évolué les dernières années, les emplacements réservés à celles-ci dans les cartouches peuvent accueillir des mémoires plus grandes: les possibilités explosent, la barrière passant arbitrairement à 1 Gigabit.
Les deux années suivantes, 1997 et 1998, ne furent pas en reste, avec Real Bout 2, nouvelle déclinaison de Fatal Fury; la nouvelle et éphémère saga des Last Blade (I & II), véritables chef d’œuvres; les somptueux King of Fighters 98, Metal Slug 2, et bien entendu l'apogée du Shoot them Up 2D, qui est atteinte avec le sublime Blazing Star. Après toutes ces années, la console n'avait donc pas encore été exploitée à 100%. La barre des 330 Mb est complètement pulvérisée avec des jeux allant très au-delà de cette limite (entre autres , le Kof 98 avec ses 683 Mb). Rarement un éditeur ne s'était autant donné de mal pour combler ses joueurs, et les fidèles de la Neo Geo, probablement moins nombreux que jamais à cette époque, sont récompensés de n'avoir pas quitté le navire! La console de salon, qui n'est plus aux yeux de beaucoup qu'une relique complètement dépassée, se négocie alors pour quelques centaines de francs, d' occasion, dans les boutiques de France et de Navarre. Pendant ce temps, SNK connait de nouveaux échecs commerciaux qui vont lui coûter cher. En effet, son Hyper Neo Geo 64, sortie en 1997, est un bide retentissant. Le couteux développement de celle-ci aura été fait à fonds perdus. Quant à la Neo Geo Pocket, console portable grand public, ne perce pas et ne parvient pas à détrôner la Game Boy, malgré ses qualités. C'est alors que s’amorce alors pour la compagnie une lente descente aux enfers. Seul son système MVS permet à SNK de se maintenir la tête hors de l' eau. La Neo Geo, à part, continue d'hériter des succès d'arcade de son créateur. Mais pour combien de temps?

La chute de SNK (1999-2001)

Le building du siège de la firme, à Osaka.
Le MVS, s'il tient toujours debout en 1999, reste le plus vieux système d'arcade encore exploité sur le marché. Si les salles de jeux ont beaucoup perdu en fréquentation depuis l'avènement des consoles 32 bits, un noyau dur de joueurs continue de s'y rendre et de grands éditeurs produiront, pour quelques années encore, quelques excellents titres. SNK en fait partie, et de superbes softs continuent de faire gagner de l'argent à la firme, pour un temps. Le moins qu'on puisse dire, c'est que rarement une société de jeux video a pu compter aussi longtemps sur un seul et même hardware. En effet, malgré le relatif succès de la Neo Geo Pocket, le demi-échec de la Neo Geo CD, et la totale bérézina de l'Hyper Neo Geo 64 - dans laquelle SNK a laissé des plumes, beaucoup de plumes! - il ne reste guère que la bonne vieille Neo Geo qui permet à l'éditeur se maintenir péniblement à flot. Mais il n'y a pas de miracle dans le monde des affaires, et l'entrée dans le nouveau millénaire s' annonce douloureux, le piratage faisant de plus en plus de mal aux éditeurs de jeu vidéo. 1999 voit seulement trois nouvelles productions débarquer sur Neo Geo, mais attention les yeux: Metal Slug X, Kof 99, et Garou: Mark of the Wolves. Ce dernier, à lui seul, est une synthèse puissante du talent et des années d'expérience des programmeurs de SNK. Véritable bijou du VS fighting et de l'arcade 2D, le jeu connaît un beau succès dans les salles et sur divers portages console. Cela redore un peu le blason de la firme, à l'agonie... mais cela ne la sauvera pas.