LE BEAT THEM UP A TRAVERS LES AGES
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LA PREHISTOIRE - SUITE
Parmi les titres qui sortent du lot, on remarque Konami et son Shaolin's Road, dynamique, fun et bien réalisé. Signalons aussi Rush'n'Attack de l'éditeur, qui bifurque en un genre sensiblement différent, et marquera les esprits! Taito, décidément omniprésent, réalise aussi Knuckle Joe, un Beat them Up rapide, beau et complet (on peut même mettre sa garde!) au gameplay bien pensé. Fin 1985, le trio de têtes des éditeurs de Beat them Up se compose donc de Irem, Konami et Taito, très prolifique.
Quant à SNK, bizarrement, ces derniers ne se préoccupent pas vraiment du marché des Beat them Up, tout occupés qu'ils sont avec Vanguard II, leur jeu de boxe nommé Main Event, et ASO, qui sort en 1985. Ikari Warriors est d'ores et déjà en préparation chez l'éditeur: c'est un run'n'gun vertical qui joue dans la même cour que les jeux de Capcom (Commando, Vulgus) et il faudra attendre quelques années avant les premiers beats SNK et Capcom.
Le Couronnement d'un Genre (1986-1989)
Et l'année 1986 va marquer l'apparition du premier Beat them Up "moderne", avec un titre dont la qualité surpasse bien entendu ses prédécesseurs, mais dont le gameplay va radicalement trancher avec ce que l'on a vu jusqu'alors: Renegade. Alors que Capcom et SNK s'investissent dans le Run'n'Gun (Commando pour Capcom, 1985; Ikari Warriors pour SNK, 1986) et le genre plate-forme/action (Trojan, Capcom, 1986; Athena, SNK, 1986) c'est une firme montante encore assez méconnue qui va se faire connaitre grâce à un titre qui va marquer l'histoire. C'est une fois de plus Taito qui est dans le coup, mais cette fois le jeu est développé par l'équipe de Technos Japan. L'action se déroule sur quatre niveaux, et instaure les bases de tous les futurs BTU: on peut se déplacer en "3D" dans tout le décor, ramasser des armes, varier ses coups, sauter, faire des prises au corps à corps... il y a même un Boss impressionnant à affronter à chaque fin de niveau. De très bonnes idées sont présentes: jeter les ennemis hors de la zone de jeu pour s'en débarrasser, frapper au sol, coups de poing, pied, sauter, et même des dash! Incroyable. Que de bonnes idées dans ce soft... seule ombre au tableau, Renegade se joue seul. Le succès est très important en arcade, et le jeu se voit adapté sur toutes les plate-formes à la mode: NES, Master System, Amiga, CPC... Bref, tout le monde veut jouer au nouveau hit de Technos.
Renegade marche très fort et séduit beaucoup de nouveaux joueurs. Mais quelle est donc cette recette miracle qui séduit tant de joueurs ???
250g de coups et de prises
1 pincée d' armes à ramasser
1/2 litre de beaux stages variés en "3d"
750g d' ennemis variés avec de sales gueules à défoncer
4 ou 5 Boss bien gras, bien dégoulinants
Un peu de sang, des cris, des morts
Quelques éditeurs semblent l'avoir bien compris et s'engouffrent dans la brèche. Mais il est bien évident que Technos a pris une avance considérable en ayant fait les bons choix, et la consécration des joueurs en est la récompense... Et dès l'année suivante sort LE Beat them Up qui à lui seul va devenir la figure emblématique de la baston vidéo-ludique...

Et c'est Technos - édité par Taito - qui enfonce une fois de plus le clou en 1987. Les très bonnes bases de leur Renegade l'année précédente ont servi, et ceux-ci sortent un tout nouveau jeu: Double Dragon. Ce dernier est jouable à deux simultanément cette fois, et c'est une petite révolution dans le monde de la baston. Le soft a tous les ingrédients qui faisaient le charme de son aîné: coups variés, armes, gros Boss, difficulté progressive, possibilité de se déplacer partout dans le décor... Et la réalisation n'est pas à la ramasse: graphiquement, c'est très coloré, les sprites sont gros et surtout le jeu bouge vite, malgré des ralentissements lorsque l'écran est chargé. Le gameplay est meilleur que jamais, et c'est un plébiscite dans les arcades. A l'instar de Renegade, le jeu est porté sur tous les supports et marche du feu de Dieu.... Le genre plus que jamais fait fureur, et reçoit avec Double Dragon ses lettres de noblesse.
La même année, Capcom explore péniblement le genre en le déclinant en scrolling vertical, avec Avengers. Un titre peu abouti, au gameplay anémique - et d'ores et déjà obsolète - doté en plus d'une réalisation à la ramasse... Les "Avengers" ont un bon train de retard sur Renegade, alors comparé à Double Dragon, n'en parlons pas. L'éditeur s'est clairement consacré à d'autres genres et ne s'avère pas du tout en mesure d'opposer une forte concurrence sur cette part de marché pour l'instant. SNK lui va riposter l'année suivante, en même temps que plusieurs autres géants de l'arcade.
En 1988, on constate que le genre se divise en deux écoles, et une seule d'entre elle survivra... La première, dans la lignée de l'ancêtre Kung-Fu Master, exploite un gameplay sur une seule ligne (pas de déplacements en profondeur) avec des plate-formes et la possibilité de se baisser. En tête, Irem fait son grand retour dans la compétition avec Vigilante, qui tourne sur le M75, leur nouveau support. Le jeu s'avère une excellente "suite" à Kung-Fu Master... Prenant, graphiquement fin et très abouti, et doté d'une animation sans faille, le soft est encensé par la critique. Les bruitages, comme toujours avec Irem, rappellent les baignes de Bud Spencer, c'est un bonheur. Cependant, Vigilante reste relativement limité au niveau des coups, se montre répétitif et ne se joue pas à deux. Trois ans après, l'évolution par rapport à Kung-Fu Master est bien mince.
Data East se rallie à l'école Irem, avec Bad Dudes VS Dragon Ninja. Celui-ci se joue à deux simultanément et se montre un peu plus intéressant que le Vigilante d'Irem. Le jeu bouge vite et bien, les graphismes sont réussis. C' est un honnête BTU, fun et à la difficulté bien dosée... Mais le jeu n'apporte pas grand chose de nouveau, peu de bonnes idées et un gameplay simpliste, alors que la concurrence propose déjà bien mieux.
Troisième et dernier titre notable de cette année 88, toujours dans la lignée de Kung-Fu Master, The Ninja Warriors de Taito. Ces derniers, décidément omniprésents sur la scène du jeu vidéo en cette fin des années 80, mangent à tous les râteliers! Reste à savoir si ce titre ne vampirise pas leurs autres ventes... jugez par vous-mêmes. Si le jeu n'est pas mauvais, le Beat them Up va évoluer de toute autre manière. D'ici peu, les trois titres ici présentés feront figure de dinosaures pour beaucoup de joueurs. Surtout lorsque vous aurez vu les titres ayant vu le jour la même année, utilisant un gameplay à la Renegade!