LE BEAT THEM UP A TRAVERS LES AGES
PAGE 4
L' Age d'Or (1990-1994)
Le hit de Capcom va faire des émules. La nouveauté qui s'impose dans les Beats d' arcade en 1990, c'est le multijoueur. Si Konami avait déjà proposé une action à quatre en simultané avec ses Tortues Ninja, désormais 80% des titres qui sortent cette année proposent au minimum le jeu à trois simultanément, et ce sera le cas de nombreux softs les années suivantes, allant même jusqu'à quatre pour certains. De leur côté, les consoles de salon sont désormais très bien servies. La Super Famicom reçoit l'adaptation du désormais mythique Final Fight de Capcom (qui perd un joueur au passage); la Megadrive quant à elle n'est pas en reste. Non contente d'avoir accueilli Double Dragon et Golden Axe, la 16 bits de Sega se voit gratifiée d' une bonne partie des BTU qui sortent en arcade la même année. L'éditeur n'y est pas étranger, en montant au créneau avec deux titres de très bonne facture: Michael Jackson's Moonwalker, et l'excellent Alien Storm. Celui-ci est un des premiers softs à proposer une action variée, alternant phases de tir et phases de combat.
Double Dragon 3 suit décidément la vague, puisqu'il se joue également à trois (le triolisme devait être très "in" en ce temps là, il faut croire) mais le jeu fait peu recette: malgré quelques bonnes idées comme les magasins et le fait de pouvoir améliorer ses persos, Technos s'est endormi sur ses lauriers: la réalisation du jeu est à la ramasse, le gameplay aussi désormais. Nous ne sommes plus en 1986, et les joueurs ne s'y sont pas trompés: le jeu est boudé par le public, et malgré quelques adaptations sur consoles et micros, c'est un échec commercial. Le titre fait bien pâle figure à côté du Final Fight de Capcom ou même de Streets of Rage sur Megadrive, qui sort quelques mois après.
Toujours en 1990, la Neo Geo accueille son premier Beat them Up: Ninja Combat. Celui ci est développé par Alpha Denshi, ayant déjà réalisé l'excellent Gang Wars en 89. Le jeu est techniquement très réussi, la bande son et les graphismes sont impressionnants, la mise en scène est carrément géniale et les Boss énormes. Le soft propose d'incarner plusieurs combattants, un système de jeu original avec amélioration des personnages avec des bonus dans les niveaux, de nombreuses armes et un gameplay à trois boutons. C'est un des titres qui marche fort dans les arcades en 1990.
D'autres titres peu aboutis voient le jour en 1990, mais il faut attendre l'année suivante pour que de grands Beats fassent leur apparition. 1991 restera d'ailleurs comme un grand millésime pour le genre. D' une part les joueurs ont eu droit à la qualité, comme nous allons le voir, mais à la quantité également: plus de vingt jeux sortent cette année là, un record! Et tous les grands éditeur japonais sont là. Certains ne vont pas se gêner pour copier ouvertement leur voisin! Jaleco dégaine avec son premier titre du genre: 64th Street, A Detective Story. Le jeu se veut un clone de Final Fight... en moins bien! Pas mauvais cependant, celui-ci introduit un semblant de scénario kitsch, une ambiance sympa, des graphismes simples mais réussis, et un gameplay agréable, à défaut d'être novateur. Clonant le même modèle, SNK sort Burning Fight, dont même le titre rappelle quelque chose! Celui-ci est extrêmement proche du jeu de Capcom, mais ne dépasse pas le modèle, une fois de plus. La palme de la plus mauvaise copie revenant à Sega cette année, avec le très moyen Riot City!
SNK fait partie des éditeurs particulièrement actifs à cette période. Celui-ci sort deux autres BTU, dans un registre plus original que Burning Fight: Robo Army et Sengoku. L'un met le joueur aux commandes de combattants cyborgs, l'autre plonge le joueur dans un monde féodalo-fantastique japonais... avec la très bonne idée des transformations: chaque héros peut se changer en trois formes de guerrier différentes, soit quatre combattants possibles! Deux bons titres de plus sur Neo Geo qui marchent fort en arcade. D'autres éditeurs s'essayent au genre comme Video System et son Karate Blazers ou Data East avec sa licence Captain America & the Avengers... mais sans grand succès.
Sega, outre son minable Riot City, n'est pas non plus à la fête avec D.D Crew et ses graphismes moches, ou même son (pourtant attendu) Golden Axe II: l'éditeur a visiblement consacré peu de temps et d'énergie à ces jeux. Ce second épisode reprend intégralement le moteur du premier Golden Axe! Graphismes, animation, bande son: rien n'a bougé depuis 1989, à part le jeu à quatre simultanément au lieu de deux... Sega, au même titre que Technos, se ramasse un gadin après avoir connu le succès. Se reposer sur ses lauriers peut être parfois piégeux!
Mais si Sega fait une véritable contre-performance en arcade, sa console Megadrive a semblé bénéficié de bien plus d'attentions: fort des recettes générées par celle-ci et de ses très bonnes ventes à travers le monde, l'éditeur a gâté sa 16 bits. La Team Shinobi offre à ses heureux possesseurs Streets of Rage: un Beat them Up très abouti, exploitant admirablement la machine. Le titre se joue à deux joueurs, propose trois personnages, des coups variés, et huit niveaux pour une durée de vie de presque une heure! C'est un énième clone de Final Fight, mais les innovations sont là. Le gameplay est excellent et la réalisation, bien qu'en deçà des productions de l'arcade, est remarquable (saluons au passage l'excellente bande son!).
Konami de son côté, connait le succès dans les salles obscures et enfumées, avec Teenage Mutant Ninja Turtles IV: Turtles in Time. Une géniale suite au premier jeu d'arcade, jouable à quatre simultanément. Autre licence, The Simpsons est décliné sauce baston! Le jeu est original et fun, mais rien de révolutionnaire à l'horizon. L'éditeur sort également Crime Fighters 2 , plus connu sous le nom de Vendetta, assez moyen techniquement mais bien fun: le jeu propose plusieurs personnages et se joue aussi à quatre. Le titre est un véritable "Renegade-revival" tant il rappelle le hit de Technos.
Mais l'éditeur qui commence clairement à se démarquer des autres avec des jeux d'une qualité exceptionnelle, c'est Capcom. Probablement très pris par le développement de Street Fighter II, l'éditeur avait passé son tour depuis Final Fight (89), mais revient en force avec trois titres qui font sensation: The King of Dragons, Knights of the Round et Captain Commando. Les deux premiers déclinent le genre avec des armes, tandis que le troisième est plus classique... Mais quelles réalisations! Jouables à trois (même quatre pour Captain Commando), dotés d'une durée de vie et d'un gameplay supérieurs à la concurrence, les jeux de Capcom tiennent cette fois le haut du panier. Un héritage de Final Fight qui tient ses promesses, reprenant les bases excellentes de l'ancêtre et explorant l' heroic-fantasy et le "comics" avec une certaine originalité, et un talent unique.