LE BEAT THEM UP A TRAVERS LES AGES
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L'AGE D'OR DU BEAT THEM UP - SUITE
Le studio Rare développe Battletoads & Double Dragon sur la NES, pour le compte de... Nintendo! Le jeu marche pas mal -la clientèle étant moins exigeante qu'en arcade - et se voit adapté sur 16 bits du constructeur par la suite. La licence Double Dragon est donc temporairement concédée à ces derniers par Technos, qui sort un tout nouveau jeu: Shadow Force. La réalisation progresse considérablement par rapport aux précédents Double Dragon, mais hélas Technos a pris beaucoup de retard, et ne fait clairement plus le poids avec Konami, Capcom ou SNK.
Jaleco sort le troisième volet de sa série à succès sur Super Famicom, Rushing Beat Shura. Pour beaucoup de joueurs, c'est l'épisode le plus abouti de la saga, le jeu rivalise désormais avec les versions de Final Fight sur le même support. Toujours sur console, Sega choisit de sortir Golden Axe III directement sur sa Megadrive: laissant de côté une éventuelle adaptation du précédent opus (Golden Axe: Revenge of Death Adder) l'éditeur ne développe pas de nouvelle mouture pour l'arcade, devant le peu de succès rencontré par les deux dernières séquelles. SNK enfin, sort un seul titre Beat them Up en 1993, mais de grande qualité: Sengoku 2. La suite du premier volet de 91 reprend les mêmes principes de transformations, d'armes blanches, magie et folklore japonais, le tout baignant dans une ambiance d'apocalypse épique. Le jeu est une vraie réussite, mais l' éditeur d'Osaka semble mobiliser bien plus d'énergie pour ses jeux de VS fighting: la même année sortent Fatal Fury Special, World Heroes 2 et Samurai Shodown, alors que The King of Fighters 94' et Art of Fighting 2 sont déjà en préparation. C'est le dernier Beat them Up SNK à sortir sur Neo Geo, la firme abandonnant complètement le genre par la suite.
Toaplan, un éditeur peu connu se lance sur le marché du Beat' avec son Knuckle Bash; Data East sort Night Slashers, qui reste le meilleur BTU de la firme. Irem tente une approche décalée du genre avec Ninja Baseball BatMan, mais celui-ci s'avère étrangement une véritable contre-performance de l'éditeur en terme de recettes... alors que le jeu est tout simplement génial! On peut toutefois supposer que Capcom s'inspirera fortement du style décliné dans ce titre pour son Viewtiful Joe, des années plus tard. Ce dernier, cette année encore, nous gratifie de ce qui se fait de mieux sur le marché. Si SNK avec Sengoku 2 et Konami avec Violent Storm signent des jeux haut de gamme, Capcom fait encore plus fort. Pas moins de quatre titres, d'une qualité exceptionnelle - une fois de plus - voient le jour: en arcade, Cadillacs & Dinosaurs, Dungeons & Dragons et The Punisher. Sur Super Famicom, c'est Final Fight 2 qui sort, en exclusivité sur la console de Nintendo. L'éditeur a une vision perspicace du marché, puisque outre proposer les meilleurs jeux de la catégorie, il satisfait tous les genres: post-apocalyptique, heroic-fantasy (avec un soupçon de RPG), comics, et old-school...
Les trois titres en salles obscures rencontrent un large succès; Cadillacs et The Punisher font partie des tout derniers jeux à tourner sur CPS, alors que Dungeons & Dragons tourne déjà sur CPS-II, le nouveau support de Capcom. Sur Super Famicom, si Final Fight 2 se vend bien, la critique n'est pas très bonne: le jeu déçoit par rapport au premier épisode. Il est enfin jouable à deux, mais la réalisation laisse à désirer (graphismes ternes, ennemis peu variés) et le jeu est un peu court. Capcom s'impose désormais comme le n°1 du Beat them Up en arcade, alors que Sega et son Streets of Rage 2 sont eux la référence incontestable sur console de salon.

L'année 1994 montre les premiers signes de faiblesse du Beat them Up, pourtant à son apogée l'année passée avec des titres exceptionnels. En effet, seulement trois jeux de bonne qualité voient le jour en arcade cette année là. Un signe qui ne trompe pas... Les grands éditeurs abandonnent peu à peu ce créneau. La demande et la technologie évoluent, et la bataille se déroule désormais sur d'autres fronts: le versus fighting est de loin le genre le plus populaire en ce qui concerne la 2D, beaucoup d'éditeurs l'ont compris et développent leurs propres jeux pour profiter de ce créneau porteur. D'autre part, les jeux 3D émergent, et c'est la guerre entre Sega et Namco: Daytona USA et Ridge Racer se tirent la bourre en arcade et Virtua Fighter pointe le bout de son nez. Le Beat them Up fait désormais figure de dinosaure face à ces jeux aux gameplay novateurs. Serait-il voué à la disparition?
Capcom semble s'en moquer, et tient encore le haut du pavé. Fidèle à ses fans, l'éditeur publie encore deux Beat them Up cette année, soit 2/3 de la production mondiale en arcade! Humour de mauvais goût, certes. Utilisant son tout nouveau système CPS-II, Armored Warriors met le joueur aux commandes de robots très perfectionnés. C'est une idée originale, mais le jeu est un peu brouillon et ne rencontre pas le succès escompté. Alien Vs Predator en revanche, s'avère un hit en puissance! Le jeu, doté d'une des plus belles réalisations jamais vues, exploite à merveille le nouveau support. Jeu à trois simultanément, quatre personnages très différents à contrôler, action de longue haleine et variée... Dans la plus pure tradition des Beat' Capcom, le titre fait figure d'aboutissement. Et les joueurs ne s'y trompent pas, AVP fait un carton dans les salles enfumées.
Le troisième titre à sortir en arcade en 94 est Super Battletoads, développé par Rare. Volontairement déjanté et décalé, celui-ci fait penser à Tortues Ninja, dans un registre bien plus gore! Le jeu se déroule sur une seule ligne, le gameplay est fun mais un peu léger, et la réalisation assez moyenne. Côté consoles, la Megadrive de Sega se voit gratifiée du troisième opus de Streets of Rage. Le gameplay évolue encore: esquive, dash, coups spéciaux et nouveaux personnages... De quoi ravir de nouveaux les possesseurs de la 16 bits... une dernière fois. Quant à la Saturn et la Playstation de Sony, les toutes nouvelles 32 bits, elles se voient pourvues quasiment dès leur sortie d'un excellent titre: Nekketsu Oyako de Techno Soft, qui conserve un vrai gameplay et des graphismes 2D.
La Chute (1995-1998)
L'année 1995 confirme le mauvais pressentiment ressenti l'an passé. Seulement dix Beat them Up sont édités cette année, toutes plateformes confondues: et bien peu sont de bons titres... La guerre dans les salles de jeux se passe sur d'autres fronts: le VS fighting, ou Capcom est en compétition avec SNK, mais aussi entre Namco et Sega (Tekken et Virtua Fighter). Les bornes dédiées font fureur, et l'apparition récente de la 3dD voit fleurir moult simulateurs de course auto. Les 32 bits arrivent avec leurs nouveaux productions en polygones, et le grand public adore. Le Beat' tombe en désuétude, et seuls quelques rares éditeurs s'y colleront encore dans les années à venir.
Contre vents et marée, Capcom tient la barre et sort Final Fight 3 sur la Super Famicom. On peut une fois de plus y jouer à deux, et la réalisation fait honneur à la machine. Il s'agit probablement du meilleur Beath them Up sur la console de Nintendo, mais c'est aussi le dernier à sortir. Le comics fait toujours recette, et Beam Software (un illustre inconnu) sort le pas mauvais Jim Lee's Wild C.A.T.S, toujours sur Super NES. Sega de son côté publie Comix Zone. Un soft pour le moins original, puisque le héros se bat au fil de cases de BD! Gameplay original, graphismes sympa... un bon jeu qui n'arrivera malgré tout pas à faire oublier les Streets of Rage. Rien à signaler en arcade en cette triste année 95, Capcom répond aux abonnés absents, Irem en pleins troubles financiers adapte In the Hunt sur Saturn/PSX, alors que Konami et Banpresto sortent les très moyens Guardians et Pretty Soldier Sailor Moon, deux titres tout à fait dispensables. Une année bien morne pour le Beat'...