LE VS FIGHTING A TRAVERS LES AGES
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REVOLUTION ET AGE D'OR - SUITE
Toujours en 1994, deux autres éditeurs vont tirer leur épingle du jeu avec des softs originaux et diablement réussis. Primal Rage d' Atari (tiens, un revenant) met en scène d'improbables dinosaures et autres créatures préhistoriques dans de sanglants combats aux graphismes 'digitalisés'. Ce que Taito avait tenté maladroitement avec Dino Rex, l'américain le réussit avec brio ici. Combats fun, bestiaire varié, fatalités, ambiance gore à souhait, réalisation sympa... Bref, un très bon jeu qui sort des sentiers battus!
L'autre titre mémorable, c'est Killer Instinct de Rare, une équipe de développement de Nintendo qui acquiert ses lettres de noblesse avec ce VS Fighting game au gameplay 2d. Le jeu impressione beaucoup lors de sa sortie: computer graphics hauts en couleurs, avec décors en 3d, zooms, sprites imposants et beaux, bande son et animation haut de gamme... Mais le point fort du jeu, c'est clairement son système de combo inédit. Les joueurs réalisent dans un timing bien précis des combinaisons de stick et de boutons pour enchaîner le plus de coups possibles. Ultra Combos, Fatalités... Rare a pensé à tout, et Killer Instinct s'impose en 94 comme l'un des incontournables du VS Fighting.
Malgré l'arrivée des consoles 32 bits sur le marché, le monde du Versus a encore quelques années de gloire devant lui. 1995 est une fois de plus un millésime riche, et quelques poids lourds débarquent de chez les meilleurs éditeurs. Côté 3d, Namco va prendre l'ascendant sur les Virtua Fighter de Sega avec Tekken 2. Moins 'réaliste' que son rival, le soft se veut spectaculaire et fun, et le succès est immédiat. L'éditeur utilise un hardware encore plus performant et fait sensation: le titre fait un véritable carton en arcade et l'adaptation sur Playstation se vend comme des petits pains. La Saturn en pâtira notablement...
Midway refait parler de lui avec deux nouveaux Mortal Kombat la même année: Mortal Kombat III suivi par Ultimate Mortal Kombat III. Les rosters sont améliorés (22 guerriers sélectionnables pour UMK) et le gore est à son paroxysme. La réalisation est aussi revue et corrigée, grâce au nouveau hardware Wolf Unit de l'éditeur. Hélas côté gameplay rien de bien nouveau si ce n'est de nouvelles fatalités et autres 'babality', frienship... sur le fond, la série s'essouffle et ne parvient pas à rivaliser avec les meilleurs. Sega sort parallèlement sur sa 16 bits Eternal Champions: Challenge from the Dark Side. Celui-ci est une suite assez réussie qui n'est clairement pas à classer parmi les meilleurs jeux du genre, mais se révèle mémorable car il porte la violence à un paroxysme rarement atteint...
La Neo Geo accueille un nombre record de jeux de baston en 1995, avec pas moins de onze titres! Parmi eux, Kabuki Klash de Hudson Soft reprend les bases de Samurai Shodown en mettant en scène les personnages mignons et colorés de Far East of Eden; Technos réalise le très mauvais Double Dragon, et ADK sort World Heroes Perfect. La série mal aimée voit ici son dernier épisode, l'éditeur passera à tout autre chose l'année suivante. Quant à SNK, c'est une fois de plus à eux que l'on doit les meilleurs titres de l'année: Fatal Fury 3, Real Bout Fatal Fury, Samurai Shodown III et bien entendu The King of Fighters 95, qui marque l'apparition du charismatique Iori Yagami. L'éditeur prend le risque de renouveler complètement les sagas Fatal Fury et Samurai Shodown, définissant de tout nouveaux gameplay et styles graphiques.
Capcom de son côté repart sur une nouvelle saga Street Fighter, dont l'action se déroule antérieurement à la série des 'Street Fighter II'. Street Fighter Zero fait table rase du passé -tout comme Fatal Fury- et propose de nouveaux graphismes et des personnages redessinés, ainsi qu'un gameplay plus souple et léché qu'auparavant. Le roster est un peu maigre (10 persos seulement) mais le plaisir de la découverte est bien là. L'éditeur est aussi prolifique cette année, avec Night Warriors qui n'est autre que la suite de Darkstalkers, ainsi que Marvel Super Heroes dans la lignée de son X-Men sorti l'an passé. Le CPS-II propose ici deux jeux à la réalisation somptueuse et au gameplay fun et abordable. Dans les arcades alors, les joueurs se partagent entre les jeux SNK au gameplay fin et technique, et les jeux Capcom faciles d'accès et prenants... Deux styles opposés qui connaissent chacun un grand succès, au détriment des concurrents -décidément en retrait de ces éditeurs au sommet de leur art.
Notons également la sortie de Killer Instinct 2 et de Power Instinct Legends. Le premier est jugé moins bon que son grand frère à l'unanimité et le second n'apporte pas beaucoup de sang neuf à la saga d'Atlus... Peu nombreux sont les éditeurs disposant d'assez de ressources et de talent pour pondre des suites améliorant sans cesse leurs prédécesseurs et se tenir au niveau imposé par les leader. Capcom et SNK sont les rois sur le marché du jeu de baston 2d, alors que Sega et Namco se sont nettement imposés dans le créneau 3d. Du côté de la 3DO, un titre d'un genre nouveau fait son apparition: Foes of Ali. Programmé entièrement en 3d, le soft est la toute première simulation sportive de boxe 'réaliste': si le parallèle est facilement fait avec le Versus Fighting, les bases s'en éloignent considérablement.
Le rythme se ralentit considérablement en 1996, avec seulement une vingtaine de nouveaux titres. Le marché du jeu vidéo se déplace progressivement vers les consoles de salon, et les éditeurs semblent de plus en plus développer pour le marché domestique; de plus, les premiers grands jeux à succès en 3d font leur apparition (Resident Evil, Tomb Raider, Mario 64) et le Versus Fighting commence à se transformer en un marché de niche, car considéré comme obsolète par le grand public préférant les séries en 3d. Et ce n'est surement pas l'éditeur Namco qui me contredira... non content du succès de ses jeux Tekken et Ridge Racer en arcade et sur console, celui-ci sort un nouveau jeu de baston qui va faire parler de lui: Soul Edge. Le moteur de Tekken 2 est réutilisé ici avec de nouveaux guerriers utilisant des armes blanches, à la Samurai Shodown. Encore un succès de l'éditeur, et la naissance d'une autre série de l'éditeur qui connaîtra de nombreuses suites.
Bandaï met la touche finale à une ultime version de DBZ sur Super NES, Dragon Ball Z Hyper Dimension. Fini les grandes attaques à distance, le gameplay est revu et corrigé et s'apparente davantage aux standards du VS Fighting. Toujours sur console mais sur Nintendo 64 cette fois, Rare adapte son hit de l'arcade en une version dédiée à la console: Killer Instinct Gold. Le jeu s'avère une belle adaptation de son aîné, utilisant joliment les capacités de la console. Il s'agit là du dernier jeu de la série, l'éditeur laissant celle-ci aux oubliettes face aux faibles ventes enregistrées par ce dernier.
Côté arcade, la Neo Geo tient décidément toujours le haut de l'affiche avec pas moins de neuf jeux édités cette année. On retiendra principalement Kof 96' qui redonne un coup de neuf à la série, avec de tout nouveaux sprites et des mécanismes de jeu améliorés. Le titre s'impose comme LE jeu de baston technique par excellence. Real Bout Special fait suite à Real Bout Fatal Fury avec succès, le jeu gagne en souplesse et voit son roster agrandi; enfin, Samurai Shodown IV améliore substantiellement le troisième opus et ravit les fans. Trois titres sortis de chez SNK qui succèdent à d'illustres aînés, et assoient la réputation de l'éditeur dans ce domaine qu'il affectionne tant. Celui-ci publie également Art of Fighting 3, doté d'une animation exceptionnellement détaillée et d'un tout nouveau gameplay. Mais le soft ne sera clairement pas un succès auprès du public et marquera la fin de la saga. Enfin, Kizuna Encounter fait suite au médiocre Savage Reign (sorti en 95). Le jeu est beau, doté de zooms et de grands sprites, reprend pas mal de spécialités propres aux jeux SNK, mais propose trop peu de personnages. Cependant, il reste le premier à proposer un système de Tag: le joueur choisit deux héros et peut changer de combattant en cours de combat, et même effectuer des combinaisons avec ceux-ci!
La Neo Geo reçoit d' autres titres remarquables d'éditeurs tiers, notamment Waku Waku 7 de Sunsoft et Ninja Masters d'ADK. Le premier propose peu de personnages mais s'inscrit dans un style 'manga' particulièrement réussi, doublé d'une réalisation au poil avec de très larges zooms et un gameplay ultra fun. Ninja Masters quant à lui, est un savant mélange de King of Fighters et Samurai Shodown: il possède la technicité et l'éventail de combos du premier, mêlé à l'atmosphère et les combats à l'arme blanche du second. ADK signe ici un titre méconnu mais valant largement le détour. Citons enfin Breakers de Visco, qui s'inspire trèèès largement de Street Fighter II et propose un éventail de huit personnages très ressemblants à ceux de Capcom...
Bien évidemment, Capcom n'est pas en reste en cette année 96 et l'éditeur mène toujours une concurrence acharnée à SNK sur les jeux d'arcade, à la différence près que lui a réussi son passage à la 3d sur le marché domestique: Resident Evil est un grand succès et assure des finances solides à celui-ci. Le rival inaugure parallèlement son nouveau support arcade, le CPS-III. L'engin est un véritable monstre de 2d, capable d'afficher tout ce que l'on peut imaginer de plus démentiel sur un écran. Red Earth est le premier jeu à y être développé, et le résultat est impressionnant. Malheureusement, celui-ci se joue seul, propose peu de personnages et s'avère assez limité. Sur le CPS-II qui n'est pas pour autant abandonné, Street Fighter Zero 2 et son édition spéciale Street Fighter Zero 2 Alpha améliorent le premier opus de la -nouvelle- série, avec davantage de personnages et de combos. Et pour finir, les joueurs ont droit à un nouveau crossover avec X-Men Versus Street Fighter, proposant des héros de Marvel affrontant ceux de Street Fighter: la réalisation est remarquable et le soft inclut un système de Tag, à l'instar de Kizuna Encounter.