LE VS FIGHTING A TRAVERS LES AGES
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La Guerre 2D Vs 3D (1997-2000)
Depuis ces trois dernières années, le Versus Fighting 2d doit faire face à l'émergence de ses jeunes concurrents en 3d. Les séries comme Tekken, Virtua Fighter et désormais Soul Edge (qui va connaître quelques brillantes suites) connaissent un succès non négligeable auprès du public, que ce soit sur consoles ou en arcade. Les séries comme King of Fighters ou Street Fighter se montrent plus pointues et élitistes: de plus, l'emploi de la 2d ne séduit pas le jeune public qui s'oriente instinctivement vers les jeux à base de polygones, popularisés par la Playstation. L'issue de la guerre 2d/3d semble donc bien prévisible, mais il n'en reste pas moins que la qualité des grandes séries en 2d n'a strictement rien à envier aux Tekken et Virtua Fighter, et encore moins en termes de gameplay pur. Le genre en 2d est il appelé à disparaître?
Toujours est-il que le succès des VS Fighting 3d fait des émules, et l'on voit quelques concurrents de poids faire leur entrée sur le marché. C'est fin 96 qu'apparaît en arcade le premier Dead or Alive de Tecmo. Le jeu, composé d'un roster de huit personnages introduit trois combattantes féminines sexy, caractéristique qui deviendra la marque de fabrique, qui par la suite verra son bestiaire largement dominé par le sexe faible. La 3d y est très impressionnante , tirant pleinement
parti des capacités du Sega Model 2. En 1997 que la série devient très populaire, avec une adaptation réussie sur Saturn puis l'année suivante sur Playstation. Namco sort Tekken 3, une réponse cinglante à l'éditeur qui lui déclare la guerre en arcade! Dans la même veine, Tobal N°1 de Squaresoft sur Playstation connaît un certain succès, de même que Street Fighter Ex (une toute nouvelle version en 3d de la série de Capcom), ainsi que Midway, qui sort un Mortal Kombat 4 trahissant totalement ses ancêtres, en cédant aux sirènes de la 3d. La liste des jeux en 3d est longue en cette année 97, nettement plus conséquente que la liste de leurs cousins en 2d, retombée à une quinzaine de titres seulement. Le jeu de combat a évolué, et il est évident que la préférence populaire va aux jeux en 3d, celà n'a échappé à personne... Les puristes quand à eux, n'abandonnent pas leurs séries fétiches au gameplay 2d, et les éditeurs historiques que sont SNK et Capcom ne s'y sont pas trompés. Ceux-ci ont bien compris qu'il y avait deux marchés: l'un généraliste et l'autre de niche. De ce fait, nos éditeurs vont jouer sur les deux tableaux et proposer de quoi satisfaire tous les joueurs. On a vu que Capcom a réalisé Street Fighter Ex, un nouveau jeu complètement pourri au gameplay inintéressant. Le soft connaîtra pourtant plusieurs suites, plébiscité par un certain public probablement dénué de toute trace de bon goût. L'éditeur se rattrape la même année avec une nouvelle saga plutôt pas mal, Rival Schools. A l'instar de toute une nouvelle vague de jeux de baston, celui-ci est fait de graphismes en 3d, mais conserve un gameplay en 2d - sur un seul plan de jeu. On nommera plus tard ce style de jeu, des VS Fighting 2.5D.
SNK en 1997 a vu les choses en grand, et lance un tout nouveau hardware 3d pour l'arcade: l'Hyper Neo Geo 64. La machine vise à concurrencer les grandes franchises de jeux à base de polygones sur le marché de l'arcade, que l'éditeur connait sur le bout des doigts. L'idée est d'utiliser la 3d pour réaliser de toutes nouvelles moutures de ses franchises à succès. Ainsi sortiront sur ce système des titres comme Samurai Shodown 64, Fatal Fury Wild Ambition ou Buriki One... mais cette aventure se révélera un retentissant échec commercial pour SNK. En effet, l'Hyper Neo Geo 64 est arrivée sur le marché 3d tardivement et accusait un certain retard technologique face aux concurrents comme le Sega Model 3 ou le Taito System 12. De plus, la monstrueuse Naomi fait son apparition l'année suivante, reléguant la bécane SNK au rang de vulgaire pétrolette. Une bien courte carrière, et une erreur stratégique qui s’avérera coûteuse...
Du côté des grands VS Fighting 2d de cette année, Capcom et SNK tiennent une fois de plus le haut du pavé, et ce n'est pas peu dire: les seuls bons jeux sortent de chez eux! SNK propose une nouveauté de qualité avec The Last Blade : le jeu est un concentré de Kof et Samurai Spirits, proposant une réalisation sublime. L'autre titre est le Kof annuel, The King of Fighters 97. Le rival se montre bien plus productif avec Marvel Super Heroes vs. Street Fighter, un nouveau Crossover qui fait suite au très bon X-Men VS Street Fighter. Super Gem Fighter est une parodie des séries de Capcom, mettant en scène des versions SD (Super Deformed) des héros de Vampire Savior, Street ou encore Red Earth! Fun et bien ficelé, l'épisode ravit les amateurs. Vampire Savior est le troisième opus de la saga Darkstalkers, toujours très réussie; quant au titre majeur de 1997, il s'agit sans conteste de Street Fighter III: New Generation, qui rénove complètement le monde de Street Fighter avec un nouveau moteur graphique et la puissance brute du CPS-III. Le jeu met un coup de frais à la série et place la barre très haut en terme de réalisation.
Un genre va se développer en parallèle des jeux de VS tels qu'on les connait, et cela n'aurait pas été possible sans la 3d: les simulations sportives. Football, tennis, golf, course automobile... le réalisme n'aurait jamais pu être total sans une 3d poussée et un niveau de détail élevé. La 'simulation' connaît donc une émergence en cette fin des années 90, et en matière de combat, une série marque les esprits et se perpétuera pendant la prochaine décennie: Knockout Kings. Le premier jeu sort en 1998 sur Playstation et sera l'objet de nombreuses suites, pour finalement devenir 'Fight Night' avec les 128 bits. Véritable simulation de boxe anglaise, le jeu s'éloigne considérablement du Versus Fighting tel que l'entendent les puristes.

La fin de l'année 98 va marquer l'arrivée de la Sega Dreamcast. La bécane peut afficher une 3d démentielle et gère superbement la 2d. Celle-ci aura droit aux plus beaux jeux en 2d de SNK et Capcom, popularisant auprès d'un jeune public quelques titres légendaires pour un prix accessible, grâce au support GD-Rom. Les grandes claques de ce millésime 98 restent, dans l'esprit de beaucoup de joueurs, la version Playstation de Tekken 3 avec son roster amélioré et son gameplay plus souple, mais surtout Soulcalibur, la très attendue suite de Soul Edge. Namco va frapper très fort et imposer la série de manière définitive dans le monde de la baston, grâce à une réalisation et un gameplay supplantant la concurrence. Le jeu, un méga-hit en arcade, sera adapté "arcade-perfect" sur la Dreamcast. Le premier épisode d'une série remarquable du VS Fighting fait son apparition: Guilty Gear, édité par Arc System Works. Celui-ci fait le choix de la 2d sur la console Playstation de Sony pour cette toute nouvelle saga. Le premier opus ne connaîtra pas un grand succès, mais comme nous le verrons l'éditeur va persévérer. Capcom -fidèle au poste- gratifie les joueurs d'un nouveau crossover, qui va devenir le précurseur d'une série bien connue aujourd'hui: Marvel VS Capcom! Et ce n'est pas tout, avec en prime deux Street Fighter la même année: Street Fighter Zero 3, le dernier opus de la lignée 'Zero', et Street Fighter III: 2nd Impact, second épisode de la nouvelle saga. La réponse de SNK ne se fait pas attendre, avec deux bombes atomiques: The King of Fighters 98', avec ses quarante-deux personnages sélectionnables et son gameplay millimétré, et The Last Blade 2, améliorant substantiellement le premier opus.
Non seulement les jeux en 3d commencent à être sacrément beaux et techniques, mais les softs 2d atteignent une perfection graphique dont on n'aurait même pas rêvé il y a quelques années. Les programmeurs et graphistes travaillent sur des machines devenues surpuissantes, et proposent de véritables œuvres d'art aux joueurs. Seul SNK programme toujours ses jeux sur la bonne vieille Neo Geo, et celui-ci fait littéralement exploser les capacités de la machine, en gonflant la capacité des roms au delà des limites théoriques -avec par exemple, un Kof 98 pesant pas moins de 683 mégas, bien plus lourd que les titres CPS-III de Capcom. Force est de constater que l'éditeur fait front avec une réussite insolente à ses concurrents, sur son système bientôt vieux de 10 ans... Mais l'avenir est bien sombre pour l'éditeur, qui va payer très cher l'échec commercial de l'Hyper Neo Geo 64.
1999. En cette fin de siècle, le Versus Fighting semble totalement en fin de vie. Les vrais jeux 2d ne sont plus légion dans la liste des nouveautés, et le genre s'est tellement diversifié au travers de la 3d, que l'on a droit à une belle diversité - au détriment du plaisir des puristes. Ainsi, Midway repart sur un tout nouveau concept de jeu avec Ready 2 Rumble: le titre mélange la boxe, telle qu'on a pu la voir dans Knockout Kings, avec le fun et les effets spéciaux d'un jeu d'arcade. Le soft est édité sur la plupart des consoles 3d et devient un best-seller. Autre nouveauté originale chez Nintendo cette fois, les joueurs découvrent un nouveau concept au travers de Super Smash Bros. Celui-ci met en scène des célébrités telles que Zelda, Mario, Donkey Kong ou encore Fox, dans des affrontements rigolos s'apparentant à un jeu de plate-formes. On peut y jouer à quatre simultanément, le gameplay est en 2d, et des bonus à ramasser parsèment les niveaux. Capcom reprend la plupart de ces mécanismes pour son Power Stone, qui sort la même année en Arcade et sur Dreamcast, mais s'entiche d'un gameplay 3d.
Dead or Alive 2 était très attendu, et ne déçoit pas les fans. Programmé sur la surpuissante Naomi, le jeu propose un roster de douze personnages, ainsi que des graphismes et une animation dignes du sublime Soulcalibur. La Dreamcast, à l'instar de ce dernier, reçoit ici encore une adaptation "arcade-perfect". La console de Sega se voit aussi pourvue des séries de SNK et Capcom telles que Marvel Super Heroes, Street Fighter III et King of Fighters 98, faisant la part belle à la 2d. Absent de la belle, Tekken Tag Tournament sort en arcade et ne sera porté que plus tard sur Playstation 2 contrat d'exclusivité avec Sony aidant. SNK ne délaisse pas pour autant la Neo Geo, et les joueurs se régalent sur The King of Fighters 99. Le gameplay fait peau neuve en proposant un système de Strikers: un combattant supplémentaire peut intervenir pendant le combat. Mais le coup de maître de l'éditeur cette année reste sans conteste Garou: Mark of the Wolves. Constituant le dernier épisode de Fatal Fury, le jeu reste dans les mémoires comme l'un des plus beaux jeux de SNK, à l'ambiance unique et au gameplay fabuleux. L'un des jeux les plus marquants de l'histoire du VS Fighting.
On s'en doute, Capcom n'est pas resté les bras croisé pendant ce temps-là... et malgré la présence de l'éditeur sur de nombreux fronts, celui-ci trouve la ressource de sortir le dernier opus de SFIII: Street Fighter III 3rd Strike. Le CPS-III est à l'honneur avec des graphismes somptueux, et le gameplay n'est pas en reste: la "Parry" est un nouveau système consistant à bloquer un coup adverse en allant dans la direction opposée d'un block normal, procurant un laps de temps pour contre-attaquer. La guerre Capcom-SNK n'est pas finie!