




Le Tigre Rugissant & l'Invincible Dragon
par Tibe (2014)
Deux ans se sont écoulés depuis Art of Fighting 2, et bien des évènements ont eu lieu dans le monde du versus fighting! Entre l'arrivée fracassante des KOF, trois nouveaux opus de Samurai Spirits, le renouveau de la saga Street Fighter avec les "Zero", les deux premiers "Real Bout" de Fatal Fury... Le moins qu'on puisse dire, c'est que les choses ont changé! Les standards ont évolué, avec des rosters de plus en plus conséquents; les huit personnages de Street Fighter II semblent bien dérisoires désormais, face à des jeux proposant seize, vingt, voire même vingt-neuf combattants (KOF 96)! Animations, graphismes et bandes son ont également atteint d'autres niveaux. Les gameplay sont devenus complexes et techniques, alors que l'action a gagné en fluidité et dynamisme. En un laps de temps très court, tous les standards du début des années 90 - y compris les deux premiers Art of Fighting - ont pris un bon coup de vieux. A l'instar de toutes ses autres sagas de baston, SNK fait également table rase du passé pour Art of Fighting 3.
Nouveaux combattants, nouveau design, nouvelles mécaniques de jeu: l'éditeur est véritablement reparti de zéro pour ce nouvel épisode. Seuls liens avec le passé, Ryo et Robert sont toujours les personnages centraux de l'intrigue. Il y a huit nouveaux arrivants: Rody Birts le détective aux tonfas, Kasumi Todoh, la fille de Ryahaku (premier adversaire de Ryo et Robert dans AOF), Wang Koh San, le gros lard de service; Lenny Creston campe la biatche blonde armée d'un fouet, et Karman Cole est le garde du corps du padre Garcia, chargé de ramener Robert dans le droit chemin. Enfin, il y a aussi Jin le ninja costaud, Sinclair, une virtuose du sabre, et Wyler, celui par qui tout est arrivé, le Boss que sont venus affronter tous les autres. Le roster se porte donc à dix personnages: c'est peu! On touche ici au vrai point faible du jeu. La durée de vie se révèle relativement limitée, avec certes un tout nouveau gameplay, une bonne quantité de coups spéciaux et combos pour chacun des protagonistes. Cependant, il faut bien dire que l'ensemble montre vite ses limites, en raison de ce roster pour le moins restreint.
Cela étant dit, les nouvelles mécaniques de combat s'éloignent de tous les autres jeux de baston, les précédents Art of Fighting compris! Les duels prennent une tournure plus "réaliste" (si l'on fait abstraction des boules de feu). Tout en conservant combos et juggles, l'action intègre des contres, la possibilité de frapper au sol, des hauteurs de sauts plus mesurées, mais surtout des dynamiques "physiques" plus proches du réel. Selon les coups portés, l'adversaire recule, trébuche, tombe. Et pour se relever rapidement, il faut désormais matraquer les boutons! On peut aussi effectuer différents coups de base en combinant A (poings), B (pieds), ou C (coup puissant) avec différentes directions sur le stick directionnel. Ainsi, il est possible de placer d'impressionnantes combinaisons de coups! Néanmoins, les "special moves" sont toujours aussi nombreux, avec bien entendu toujours les Desperation et Super Desperation Moves - lorsque la jauge de santé est basse et que notre héros "clignote". Que les puristes de AOF se rassurent, la barre de "spirit" permettant d'effectuer les coups spéciaux est conservée, tout comme la provocation qui la fait baisser (D).
Un gameplay complet et intéressant à découvrir, mais auquel on peut reprocher un léger manque de dynamisme à cause des fréquents knock-down. Du côté de la réalisation, on frôle la perfection: les graphismes bénéficient de personnages grands et hauts en couleurs, et de décors fouillés et colorés, déclinés en versions jour/nuit vraiment différents (pas juste un changement de couleurs). On a droit à des musiques et bruitages d'excellente qualité, et par-dessus tout, à une animation de premier ordre. La fluidité et la souplesse des mouvements est exemplaire, avec une vitesse et une inertie parfaitement réglées. Les zooms sont puissants et nettement mieux gérés qu'autrefois, car plus progressifs. Bien entendu, la taille des sprites est toujours très imposante: et oui, c'est Art of Fighting tout de même! On peut reprocher au soft son manque de décors et de musiques, mais cela est directement lié au faible nombre de personnages. Avec Art of Fighting 3, SNK renouvelle sa saga un peu comme Capcom avec Street Fighter Zero: tout nouveau, tout beau, mais proposant un roster assez limité et des mécaniques de jeu déroutantes pour les initiés.
GRAPHISME |
95% |
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Les décors et personnages de AOF 3 sont somptueux mais trop peu nombreux: huit seulement, dont certains déclinés jour/nuit. | ||
ANIMATION | 96% | |
En plus des sprites énormes, la décomposition et le souci du détail sont parfaits. | ||
SON | 91% | |
La qualité est irréprochable, les morceaux inspirés, les effets et voix excellents. | ||
DURÉE DE VIE | 76% | |
AOF 3 repart de zéro avec dix personnages sélectionnables. La découverte est sympa, le mode story bien ficelé, mais le mode VS trouve vite ses limites. | ||
JOUABILITÉ | 79% | |
Déroutant au départ, le gameplay se révèle par la suite un peu plus intuitif; on aurait cependant aimé plus de dynamisme, les knock-downs cassant un peu le rythme des combats. | ||
NEOGEOKULT Overall |
80% | |
AOF 3 ose un tout nouveau gameplay qui se révèle intéressant. La réalisation est spectaculaire, mais avec ses dix pauvres personnages, on en fait bien vite le tour. |

QUALITÉ/PRIX (2014)
Bien trop cher pour ce qu'il a à offrir (plus de 200 euros), Art Of Fighting 3 reste un véritable OVNI du VS fighting, à la réalisation de haute volée. A tester à l'occasion pour les amateurs de baston qui veulent toucher à quelque chose d'original.