Reviewed in 2011 by Tibe

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La Vérité est Ailleurs

par Tibe (2011)


Chers lecteurs, bienvenue dans le monde de l'étrange. Un monde dans lequel vous allez oublier temporairement toute notion de rationalité. Les lois de la pesanteur, les certitudes mathématiques, la chaîne du temps, les lois de la physique... Bienvenue dans le monde prodigieux de Viccom et de Fight Fever. Beaucoup d'entre vous pensent que Legend of Success Joe (Suck-ass Joe, pour les intimes) est le plus mauvais jeu de la Neo Geo. C'est vrai qu'il est mauvais. Même diablement mauvais! Mais si je vous disais que comparé à Fight Fever, celui-ci est un chef d'oeuvre de l'art graphique et un modèle de gameplay? Vous me traiteriez probablement de fou... jusqu'à ce que vous y ayez joué pour la première fois. Quand j'ai acheté la conversion de ce jeu, je m'attendais à quelque chose de catastrophique. Vraiment. Mais moi, à l'instar du joueur du grenier, j' aime les jeux de merde.

C'est vrai, ce petit côté kitsch quand on joue, ça me fait quelque chose. J'y suis très sensible, et j'y prends même du plaisir... Mais sur ce coup-là, ce dont j'ai été témoin dépassait l'entendement humain. L'introduction du jeu (Do you want Tae Kwon Do?) vous annonce clairement la couleur, sans détours. Le ridicule est à l'honneur, et on ne va pas faire dans la demi-mesure. L'écran de sélection des personnages vous fait vous enfoncer d'un cran supplémentaire dans l'atrocité. Les divers combattants sont incroyablement pitoyables. C'est bien simple, on se demande si les programmeurs l'ont fait exprès. Les guerriers de World Heroes sont des légendes de charisme en comparaison des protagonistes de Fight Fever. Des Ryu & Ken constipés, un obèse sud-américain efféminé avec une coupe au bol des années 80, un Hulk Hogan (après l'accident) avec un balai dans le cul et un masque de Jason; un clone de Billy Kane moustachou mais sans son bâton, une pétasse brune de bas étages en pyjama, un basketteur bidon habillé par la foir'fouille, sans oublier l'ineffable papy Moujot, clone au rabais de David Carradine dans Kung-Fu.

Vous l'avez surement déjà compris, les joueurs de Neo Geo (et donc aficionados de versus fighting) sont ici gratifiés d'un bestiaire de folie, oui, c'est le mot, et le plus difficile va être de choisir avec lequel vous souhaitez souffrir. Et c'est seulement quand le premier combat commence, que l'on comprend que l'on a atterri en enfer en bootant cette cartouche. Les graphismes sont littéralement à vomir, faits de décors dessinés par une grand-mère parkinsonienne et de sprites finement dessinés façon Atari 2600. Les combattants sont ultra-raides, voire même constipés pour certains. Les projectiles qu'ils lancent aussi surprenants que ridicules! Mais le pire reste à venir car l'animation, elle, est tout bonnement grotesque. Je n'en avais encore jamais vu de comme ça. Pour vous donner une idée, le premier Street Fighter est un modèle de fluidité à côté de Fight Fever. Les musiques, d'un kitsch légendaire, sont parfaitement dans le ton et au moins dignes d'une Master System. J'en viens aux bruitages, et là c'est vraiment un scandale. TOUS les bruitages de coups et même certaines digits vocales ont été ripés d'autres jeux SNK (Art of Fighting, Fatal Fury, etc)...

Et là, vous vous dites probablement qu'on a déjà touché le fond? Que nenni mon bon messire! Le gameplay est tout simplement le pinacle de la nullité, l'apothéose du foutage de gueule, le sommet de la pyramide de la merdicité. La géométrie des coups est complètement foireuse et surtout hyper-hasardeuse. Par exemple, exécuter deux fois la même manipulation ne produira pas deux fois le même résultat. Voilà qui est intéressant, et relève du concept. Les personnages sautent de manière surnaturelle, et les contacts et chocs aériens résultent en des mouvements irrationnels. En poussant un peu mes investigations sur Fight Fever, j'ai appris que les hitbox et tests de collisions avaient été programmées par Gilbert Montagné. Les priorités? Autant lancer un dé de vingt pour les connaître... Avec neuf personnages aussi pathétiques les uns que les autres, une difficulté imprévisible et une logique incompréhensible, on lâche bien vite le morceau. Même à deux, passé le stade de la moquerie, on se demande pourquoi on est en train de jouer à ça, alors que l'excellent Legend of Success Joe nous fait les yeux doux dans sa superbe boîte.


GRAPHISME

47%

Seule la taille des sprites est honorable, pour le reste, c'est à peine digne d'une Megadrive - mais très, très mal exploitée.
ANIMATION 30%
Du jamais vu. On reste bouche bée en se demandant comment assumer une telle abomination de la part d'un "programmeur".
SON 49%
Tous les sons sont pompés d'autres jeux. Donc, c'est encore ce qu'il y a de mieux dans le jeu! Les musiques elles, feraient se pendre Richard Claydermann lui-même.
DURÉE DE VIE 26%
On pourrait même parler d' "espérance de vie", étant donné que la cartouche a de fortes chances de finir contre un mur ou de s'envoler par une fenêtre.
JOUABILITÉ 10%
On touche le fond, et on goûte ici à ce qui se fait de pire en VS fighting. Et je pèse mes mots...

NEOGEOKULT

Overall

24%
Réalisation minable, gameplay inconcevable... Voici le plus mauvais jeu de la Neo Geo, détrônant allègrement Legend of Success Joe !!

QUALITÉ/PRIX (2011)

Est-ce bien nécessaire d'en venir au prix....? Bizzarement... le jeu est rare! Le convert se trouve à 100/150 euros. Paradoxalement, c'est un bon investissement, car il se revend très très bien, les fans de Kitsch étant nombreux et friands de perles comme Fight Fever.

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