




The Power of the Ninja Nanar
par Tibe (2015)
Lorsque j'ai appris l'existence de Ganryu - il y a tout de même une bonne dizaine d'années au minimum - je me suis en premier lieu réjoui de l'existence d'un jeu de plate-forme de plus sur Neo Geo. En effet, la Rolls des consoles n'a pas été spécialement bien pourvue en la matière, avec seulement cinq titres en quatorze ans de carrière. Alors voilà, l'action de Ganryu prend place au Japon, au temps des ninjas et autres samouraïs. Votre bien-aimée s'est faite kidnapper par un méchant sorcier, et il va falloir aller la chercher en affrontant des ninjas, des Boss démoniaques, des ninjas, des aigles féroces, des ninjas, et puis aussi quelques ninjas. Alors c'est vrai, certains lancent des pierres, d'autres des flèches, d'autres des shuriken, d'autres ne font rien... Mais bon, c'est à croire que tout Tokyo était déguisé en ninja, à l'époque. Enfin, c'est le point de vue de Visco, n'est-ce pas!
Alors comme le jeu pèse tout de même 178 mégas et qu'il est sorti en 1999, c'est à dire, rappelons-le, la même année que Metal Slug X, The King of Fighters 99, ou encore Garou: Mark of the Wolves... on s'attend à un titre de belle envergure de la part de Visco. Et bien vous pouvez rester assis, car si l'on savait que l'éditeur n'avait pas inventé la machine à cambrer les bananes, on sait maintenant aussi qu'il n'excelle pas dans le jeu de plate-formes! Au bout de quelques minutes de jeu, il est difficile de dire si on est face à un véritable navet vidéo-ludique, ou un obscur mais génial "action-platform" avec des niveaux vastes et nombreux, des surprises, des Boss incroyables et une action variée. Et ce n'est que plus tard que l'on finit par pencher fortement vers la première option... Il devient clair que pas plus de deux personnes n'ont participé à l'élaboration du soft. Je vous propose qu'on y aille crescendo dans l'analyse en profondeur de ce Ganryu, alors commençons donc par la réalisation.
On peut être friand des ambiances japonaises, avec de beaux dojos en bois, des arbres centenaires si typiques des forêts nippones, des souterrains avec des pièges, des cerisiers en fleurs... mais il n'y a aucune raison de tolérer une telle médiocrité sur la Rolls des consoles! Question qualité, les graphismes oscillent entre la NES et la Super NES. Même si le jeu était sorti en 1990, il aurait fait pâle figure face aux Actraiser et autres Magician Lord ou Ghouls'n'Ghosts: alors imaginez en 1999! Les décors sont généralement insipides voire désuets, et le bestiaire ennemi se révèle sacrément limité. L'animation est fluide mais pas détaillée, les arrière-plans sont désespérément statiques... quant aux tests de collision, ils ont été programmés par Gilbert Montagné et Steevie Wonder. On ne peut effectuer d'attaque ni vers le haut, ni vers le bas, ni en diagonale, et les ennemis popent n'importe où, vous éjectant dix mètres plus loin au moindre contact. Bravo les play-testeurs! La bande son est d'une monotonie assez scandaleuse, avec des thèmes pour la plupart merdiques ou peu inspirés. Les bruitages sont à 100% ripés d'autres jeux, mais ici mal adaptés à l'action. Graphisme, animation, son: Visco a bâclé le travail sur toute la ligne.
Le gameplay et la durée de vie ont aussi été bien, bien salopés. Ganryu ne dure guère plus d'une demi-heure au travers de cinq niveaux particulièrement répétitifs, il ne donne pas du tout envie d'y revenir, il ne se joue pas à deux, et surtout, de nombreux défauts liés au gameplay le rendent peu agréable. Si nos héros disposent de différentes armes, peuvent s'accrocher aux éléments du décor avec un grappin, glisser, grimper, sauter, se balancer, etc... l'action n'en est pas moins rébarbative et peu avenante. Les ninjas ennemis surgissent de n'importe où, les collisions vous éjectent en mode random, les armes sont peu précises, idem pour les sauts et autres mouvements... Bref, le plaisir de jeu est très limité dans Ganryu. On devine une absence totale de play-test avant la commercialisation du soft. Néanmoins, on était en droit d'attendre nettement mieux d'un titre Neo Geo, tant au niveau de la réalisation que des qualités ludiques. Ganryu aurait été à peu près passable sur Super Nintendo, et encore: la concurrence dans le genre plate-formes y est nettement plus rude que sur la console de SNK!
GRAPHISME |
52% |
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Pas mal pour une NES! Ah pardon, on est sur Neo Geo? Plus sérieusement, le Tokyo médiéval ici représenté est désuet, avec des arrière-plans qui reviennent régulièrement et des ennemis peu variés. Ne parlons pas des divers artworks de style "manga"... pathétiques! | ||
ANIMATION | 56% | |
C'est fluide oui d'accord, mais que c'est pauvre! Visco a fait le minimum syndical, et ça se voit. | ||
SON | 42% | |
Carrément une honte pour du son Neo Geo. Outre les effets ripés ici et là, on note l'absence totale de digit vocale ainsi que des musiques "à chier". | ||
DURÉE DE VIE | 51% | |
Avec seulement 5 stages peu intéressants et une durée de vie d'une trentaine de minutes, ce n'est pas folichon. Et autant vous dire qu'une fois terminé, on ne vous y reprendra plus. | ||
JOUABILITÉ | 43% | |
Même s'il y a quelques bonnes idées, l'imprécision du gameplay et le flagrant manque de play-testing viendront à bout de votre envie... et de votre patience! | ||
NEOGEOKULT Overall |
47% | |
Ganryu entre allègrement dans le panthéon des jeux nanardesques, Visco ne s'étant - une fois n'est pas coutume - pas trop épuisé à la tâche! |

QUALITÉ/PRIX (2015)
Le jeu ne se trouve qu'en MVS et convert AES. C'est le genre de "mini-jeu" qu'on s'attend à trouver en téléchargement sur XBox Live à 5 balles. Et franchement, même à ce prix, ce serait déjà trop. Alors à plus d'une centaine d'euros...