Reviewed in 2012 by Tibe

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Voir Legend of Success Joe et Mourir

par Tibe (2012)


Tristement célèbre dans le petit monde de la Neo Geo, Legend of Success Joe est un soft que l'on a du mal à oublier une fois qu'on y a joué. Que de batailles inoubliables... et de vomissements interminables! La seule chose dont je puisse me rappeler, après les semaines de coma mental qui ont suivi les minutes passées sur le jeu, sont les roustes phénoménales que j'ai prises, sous un déluge de graphismes maternellesques et d'animations tout droit sorties d'un V-Smile. Après une séquence d'intro remplie de boxeurs tous plus charismatiques les uns que les autres, on entre dans le vif du sujet. Un bref écran "How to Play" vous explique que pour mettre des coups et se protéger, il va falloir utiliser seulement deux boutons,  en les combinant avec des manipulations farfelues du stick. Bravo, messieurs de chez Wave. Pourquoi utiliser bêtement les quatre boutons disponibles? Des heures de plaisir se profilent d'ores et déjà, j'ai hâte. 

Tout d'abord, on se prépare psychologiquement au choc. Puis bon, avec tout ce qu'on a déjà entendu dire sur le jeu... difficile de ne pas ressentir un peu d'appréhension. Après avoir visionné la sublime présentation, on arrive sur la première scène de combat. Et là, tout bascule. Et là, c'est le drame. Non seulement Joe a une dégaine de docker syndicaliste relooké par Vincent Mac Doom, mais on a aussi des ennemis ressemblant à s'y méprendre à quelques politiciens ratés, relookés chez Kiabi puis reconvertis en gangsters. J'ai aperçu Dominique Strauss-Khan se cachant dans un placard au second stage, puis plus tard De Villepin tentant de me poignarder dans le dos. En fait, mis à part la taille des sprites - qui permet de bien distinguer leurs faciès charismatiques - il n'y a absolument rien qui soit digne de la Neo Geo dans cette production. Les décors sont grossiers et usent de couleurs criardes, les personnages semblent avoir été dessinés par un enfant de quatre ans... Et vous l'avez compris, les hommes politiques qu'on affronte ont des tenues plus farfelues les unes que les autres, pour couronner le tout!

L'animation ne relève pas vraiment le niveau: elle est saccadée et lente, avec un personnage principal aux déplacements anémiques. Il semblerait que pendant les combats, Joe souffre de violentes courbatures et ne puisse pas trop bouger... de toute façon, la majorité des ennemis ne se porte guère mieux. Et si techniquement c'est vraiment très, très, très mauvais, les postures des divers combattants sont de plus sacrément ridicules. Simple constipation chronique? Dysenterie vietnamienne? Chiasse sicilienne? Difficile d'établir un diagnostic. Parlons maintenant bande son, et les choses ne vont pas en s'arrangeant. Vous vous y attendiez, musiques et bruitages sont insipides. Les digits vocales sont grésillantes et l'acting - étonnamment - pas très convaincant. Seuls les bruitages de coups ne sont pas mauvais, à défaut d'être variés... Les treize voies stéréo de la Neo Geo ne sont qu'un lointain souvenir, les gars de Wave ont préféré tabler sur du bon gros deux voies, largement suffisant. Mais c'est comme utiliser deux boutons plutôt que quatre, et trente-deux couleurs au lieu de quatre-mille quatre-vingt seize. Faut pas forcer son talent, jamais: on est sur Neo Geo, lève le pied, Marcel!

Mais peut être le jeu trouve-t-il la salvation dans le gameplay? Oh oui, bien entendu... j'allais t'en parler! Imprécis, rebutant, play-testé par Guy Roux... pour donner des coups il faut combiner une pression sur l'un des deux boutons avec une direction du stick. Ça, c'est drôlement pratique dans un jeu ou l'on se déplace latéralement. Les tests de collisions eux, sont plus qu'approximatifs (Powered by Gilbert Montagné) et l'I.A anticipe vos coups, tout ceci combiné pour vous faire prendre de magistrales branlées. Si l'on s'en sort plus ou moins dans les trois premiers niveaux, par la suite on subit correction sur correction... Tout ça avec un casting de socialistes sortis de prison, relookés par MC Hammer, dans des décors tous plus gerbatoires les uns que les autres. Inutile d'en dire plus, Legend of Success Joe est bien entendu nominé pour le titre de la plus infâme daube de la Neo Geo, ainsi que pour l'Oscar des personnages de jeu vidéo les plus mal habillés. Titre qui lui est âprement disputé par Fight Fever... Deux bouses intergalactiques qu'il est bien difficile de départager!


GRAPHISME

46%

Couleurs criardes, traits grossiers... Mais rassurez-vous, les graphismes, c'est ce qu'il y a de mieux dans le jeu.
ANIMATION 40%
Raide, saccadée, lente: tous les ingrédients sont réunis pour offrir un gameplay poussif et des sensations de jeu pourries.
SON 39%
Au même titre que les graphismes, la bande son est indigne de la Neo Geo, malgré quelques digits vocales.
DURÉE DE VIE 32%
Le jeu n'est pas très long et ne se joue pas à deux. De toute façon, on lâche le stick au bout de quelques minutes...
JOUABILITÉ 20%
Aucun plaisir ne se dégage de Legend of Success Joe. La configuration des coups est ignoble, et les hitbox programmées par Ray Charles n'arrangent rien.

NEOGEOKULT

Overall

35%
Assez indéfendable, Legend of Success Joe s'impose comme l'un des plus mauvais titres Neo Geo.

QUALITÉ/PRIX (2012)

Le hit de Wave coûte la bagatelle de 100 euros, en moyenne, et n'existe qu'en version japonaise. C'est un incontournable pour tout amateur de nanar, mais aussi pour tout amateur de jeu rétro n'ayant pas encore de bonne grosse bouse de vache dans sa collec.

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