




Programmeurs sous acide
par Tibe (2011)
Programmeurs sous acide, cela peu sembler un peu 'hard' balancé comme ça, en titre de la review d'un jeu Neo Geo, mais c' est en effet la seule explication rationnelle à laquelle j'ai pu conclure, après les heures passées à jouer à Power Instinct Matrimelee. Comprenez-moi bien... ce n'est pas que le jeu soit mauvais, loin de là! Bien au contraire, ce titre d' Atlus - développé par Noise Factory - est plein de qualités. Mais il a surtout ce petit côté délirant et décalé que l'on ne retrouve finalement pas si souvent dans un jeu vidéo. Et un peu de fraîcheur, ça fait du bien! Lointain descendant des Power Instinct du même éditeur, sorti au début des années 90, notre Matrimelee a un pedigree plutôt sympathique, ses ancêtres étant des jeux de VS fighting tout à fait décents, ayant connu leur petit succès dans les salles obscures. Dans la lignée des suites qui sortent dix plombes trop tard, après Sengoku et Prehistoric Isle, voici Power Instinct!
Avec sa batterie de personnages plus loufoques les uns que les autres, voire carrément déjantés (homme-chien en pyjama, papy pétomane, mamie hystérico-édentée, prêtre sado-maso... je m'arrête là), Matrimelee fait immédiatement sensation. On a également droit à des stages aussi mignons que remplis de détails fun comme un mec dormant sur une banquette en boîte de nuit, un écran géant diffusant une pub pour des nouilles, ou encore une jeune fille dépressive jouant de la guitare sur une balançoire... Pour compléter le tableau, le soft est doté d'une bande son totalement démoniaque. Mis à part les bruitages d'excellente facture et les digits vocales distillées à foison, celle-ci se compose de morceaux chantés en japonais, tout à fait adaptés à l'ambiance décalée du jeu; mais il y a aussi de jolies mélodies rythmées et entraînantes, ainsi qu'une ou deux balades à la guitare "spécial dépressifs", carrément à se flinguer. Le tout enrobé d'humour et de folie furieuse sauce nippone: tout à fait génial!
Le gameplay proprement dit n'as pas été salopé, reprenant un peu les bases ancestrales avec bien plus de finesse et de technique. Combos, counters, juggles, dash, tout y est, plus quelques variantes originales comme un concours de réflexes lorsque les deux joueurs appuient sur start pendant le combat, ou la possibilité de prendre l'arbitre (clone de Kuroko de Samurai Shodown, version Passe-Partout, de Fort Boyard) pour le balancer dans la tronche de votre adversaire. Desperation Moves, Super Desperation Moves, il ne manque vraiment rien, comme en plus on nous propose un magnifique roster de vingt personnages - quinze de base + cinq avec codes - tous plus barrés les uns que les autres, et bien on ne sait plus où donner de la tête. Pour vous situer un peu le gameplay, c'est un peu plus lent qu'un KOF, ça procure les sensations d'un Real Bout Special (au niveau des commandes), et techniquement c'est entre l'un et l'autre, sans pour autant en avoir la richesse. Matrimelee est plaisant à jouer, c'est indéniable: particulièrement en versus contre un ami, on s'amuse énormément.
PIM est aussi l'un des plus jolis jeux de l'ère Playmore; loin d'égaler un Garou: Mark of the Wolves ou The Last Blade 2, mais toujours bien propre, son style 'photo-réaliste' n'est franchement pas désagréable. Les mouvements des combattants sont beaux et bénéficient de nombreuses étapes d'animation, c'est du bon boulot pour l'ensemble des personnages. La bande son reste le point fort du jeu. Les mélodies assurent un dépaysement total, avec cette pop japonaise aux accents rock, morceaux de guitare et airs de disco. On devine qu'un nombre important de mégas a été alloué à la partie sonore, et pour tout dire celle-ci participe beaucoup à l'ambiance déglinguée. Développé par Noise Factory - les gars de Sengoku 3 - sous licence Atlus, ce Power Instinct Matrimelee, de son nom complet, est une bonne petite surprise. Jeu de baston inédit sur Neo Geo, c'est un vent de fraîcheur et d'originalité, parmi les KOF et Samurai Shodown n'étant plus ce qu'ils étaient, en ce début de millénaire troublé. Accessoirement, c'est aussi une illusion de renouveau pour une console qui - on le sait aujourd'hui - vivait ses derniers mois en cette fin d'année 2003.
GRAPHISME |
82% |
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Beaucoup de décors sont à base de digitalisations, on aurait aimé plus de pixel-art. Mais le résultat est réussi, malgré le peu de décors (six stages différents). | ||
ANIMATION | 93% | |
Belle, décomposée et fluide, tous les personnages ont des mouvements très naturels et parfaitement rendus. | ||
SON | 96% | |
Les musiques déchirent et les bruitages ne sont pas en reste! | ||
DURÉE DE VIE | 87% | |
Vingt personnages, du fun, un vrai mode versus... Un mode story cool, malgré un boss final un peu trop dur (Sissy). Il y a quand même de quoi y passer des heures, surtout à deux! | ||
JOUABILITÉ | 80% | |
Gameplay fun, prenant, mais tout de même bien loin de la profondeur d'un Kof ou des sensations d'un Mark of the Wolves. Ceci dit, un peu de changement, c'est bien aussi! | ||
NEOGEOKULT Overall |
84% | |
Un jeu de baston rigolo, à la réalisation soignée et qui ne se prend pas au sérieux. Une alternative fraîche et sympa aux sempiternels classiques! |

QUALITÉ/PRIX (2011)
Matrimelee semble un peu cher, à moins d'être un féru de kitsch. Plus de 200 euros, c'est bien trop pour un jeu certes très sympathique, mais qui tourne sur Neo Geo, une console sur laquelle la concurrence est rude en terme de VS fighting.