Bébé Dragons, Boules, Flèches...

La Neo Geo, c'est bien entendu la reine incontestable des jeux de baston. Mais la machine s'est aussi brillamment illustrée dans le registre des jeux de sport avec ses golfs, foots, bowling, basket... impossible évidemment d'omettre ses magnifiques shoot them up, avec des pièces maîtresses aussi incontournables que Blazing Star, Pulstar ou encore Viewpoint. Mais SNK - et les éditeurs tiers développant sur la machine - ont pensé aux joueurs plus cérébraux et aussi aux filles, car le système a été pourvu de quelques excellents puzzle games. N'ayant auparavant accueilli que le modeste Puzzled en 1990, la Neo Geo reçoit avec Puzzle Bobble en 1994 son second jeu de réflexion. Et autant dire que Taito va marquer les esprits avec ce nouveau titre, à commencer par les salles d'arcade à travers le monde, puis avec ses nombreux portages (et non pas potages) sur des consoles populaires comme la Playstation ou la Saturn.

Malheureusement pour les inconditionnels de la Neo Geo AES, le soft n'a vu le jour qu'en MVS puis plus tard en CD. Il faudra attendre les 'converts' quelques années plus tard pour y jouer sur la console à cartouches de salon. Avec seulement 32 mégas au compteur, il ne faut certes pas s'attendre à une débauche de graphismes sublimes, d'animations extraordinaires et d'effets sonores surpuissants. Non! Avec Puzzle Bobble, ce sont les neurones des joueurs qui vont être sollicités. Le principe est simple: en mode solo, le joueur fait face à des tableaux sur les bords desquels sont agglutinées des boules de couleurs, en quantité variable selon le stage. On est au commandes d'une rampe de lancement orientable en bas de l'écran, avec laquelle on envoie des boules de diverses couleurs, arrivant aléatoirement. Il s'agit de nettoyer intégralement le tableau: les boules sont soumises à la gravité mais s'attachent les unes aux autres. Pour les faire éclater, il faut en regrouper au minimum trois de même couleur. Celles suspendues aux sphères détruites dégringolent, libérant ainsi encore plus de place.

Que l'on joue seul ou à deux, le gameplay repose strictement sur les mêmes bases, à ceci près que le fait de faire chuter des boules suspendues sous celles que l'on fait exploser (j'espère que tout le monde suit) envoie un malus au joueur adverse, qui voit son écran de jeu se remplir des boules tombées chez l'adversaire! Cette interaction un peu cruelle rend l'affrontement entre humains addictif et sacrément rigolo, les joueurs bataillant ferme pour effectuer des chutes de boules en cascades, afin de barrer la route de son rival. Les parties se jouent en deux ou trois manches gagnantes, et la compétition s'avère parfois palpitante, mais toujours très fun (si votre concurrent n'a pas mauvais caractère!). Le jeu en solo est également long et prenant, avec une trentaine de tableaux de difficulté relativement variable. En venir à bout sera compliqué, car certains passages nécessiteront de la vitesse et une capacité de réflexion importante... Faites chauffer vos neurones!

Comme je l'ai mentionné plus haut, ne vous attendez pas à une réalisation spectaculaire comme on en a l'habitude sur Neo Geo. Les graphismes sont simples mais peu variés, et les animations réduites à de simples explosions et quelques reflets. En ce qui concerne les musiques, elles sont jolies mais l'on tourne rapidement en rond, avec les deux ou trois thèmes qui reviennent en boucle et la dizaine de bruitages disponibles. Ce qui fait la force du jeu de Taito, c'est bien davantage son gameplay hyper-addictif et sa durée de vie excellente, peu importe que l'on joue seul ou en mode versus. Ce dernier représente d'ailleurs l'intérêt majeur du jeu, tant les parties entre amis sont exaltantes! Que vous soyez un accro aux scores et souhaitiez jouer la gagne, ou que vous ayez envie d'avoir un jeu d'opposition sur Neo Geo autre qu'un VS fighting, Puzzle Bobble vous tend les bras. Incontournable du jeu de réflexion, cette perle de chez Taito a connu plusieurs suites qui n'ont jamais apporté grand chose de plus à ce premier opus. Les recettes les plus simples étant parfois, en effet, tout simplement les meilleures.