Reviewed in 2014 by Tibe

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Capcom sur votre Neo Geo

par Tibe (2014)


Avec l'essor des séries Fatal Fury et Street Fighter au début des années 90, nombre de joueurs fantasmaient sur un hypothétique affrontement entre les guerriers de Capcom et ceux de SNK. Objet de tous les fantasmes, l'éventualité d'un cross-over est restée longtemps en suspens chez les deux éditeurs. SNK réalisa les siens avec KOF qui a réuni Fatal Fury et Art of Fighting, Capcom se paya Marvel pour donner naissance à X-Men VS Street Fighter... et quelques autres. Finalement, les deux compagnies s'affrontent enfin dans Capcom VS SNK: Millenium Fight 2000, sorti en arcade et sur Dreamcast. Ce n'est que trois ans plus tard et après la disparition de la firme SNK historique (et sa mutation en SNK Playmore) que l'éditeur produit sa version du cross-over sur Neo Geo, avec SVC Chaos. La mouture Capcom n'était pas mauvaise, sans pour autant égaler les ténors du VS fighting; ce portage sur Neo Geo sera-t-il à la hauteur de nos attentes...?

SVC Chaos emprunte les sprites de KOF pour les héros de SNK, alors que ceux de Capcom sont redessinés dans ce style: et ce n'est pas mal du tout! Les protagonistes sont de belle taille, détaillés et fidèles à leurs "originaux". Si l'on dispose de vingt-quatre guerriers de base, ce nombre peut être porté à trente-six avec un code ou un universe bios. Imposant! Et il y a du beau monde: Terry, Iori, Kyo, Mai, Kim, Takuma, Ryo, Geese constituent le haut du panier chez SNK, alors que Ryu, Ken, Guile, Chun-Li, Sagat, M. Bison, Vega, sont les VIP de Capcom présents dans ce roster. Et sinon... tous les autres, où sont-ils? Exit Joe Higashi, Andy Bogard, Big Bear, Robert Garcia, K', Athena, Daimon, Rock Howard, Tung Fu Rue, Blue Mary?! Zappés au profit de persos ridicules ou inadaptés comme Genjuro (un combattant armé contre d'autres à mains nues...), les "Mars People" de Metal Slug, Earthquake, Choi, Shiki... quel gâchis! Et du côté de Capcom, ce n'est pas mieux: Adieu Honda, Zangief, Blanka, Cammy, Fei-Long, Dudley, DeeJay... préparez-vous à incarner Dan Hibiki, Zero (Megaman), Red Areemer (Ghouls'n'Ghosts), Tessa (Red Earth), ou encore l'anémique Hugo...

Les décors du jeu sont au nombre de dix. Si quelques-uns sont un peu ternes, d'autres sont très jolis, comme celui de l'église ou bien encore la forêt et sa rivière. Tous ont en commun d'être très bien animés et riches en détails (cascades, chandeliers se balançant, vent dans les arbres, plate-formes en mouvement...) mais au final, on se dit qu'il n'y a aucune cohérence entre ces lieux, comme s'ils avaient été choisis assez aléatoirement par les graphistes. Pour en finir avec le visuel, les portraits des combattants sont un peu "spéciaux": le designer chargé de cette tâche est celui ayant officié sur Kof 2001... inutile d'en dire plus, je suppose. SVC Chaos se rattrape un peu avec son animation: l'action est dynamique, et les mouvements des personnages rapides et bien faits. A ce niveau, le soft se hisse à peu près au niveau des ténors du genre. Côté son, c'est bien plus banal. Les compositions ne sont pas très mélodieuses. Les bruitages non plus ne sont pas terribles, avec des sons d'impacts pas convaincants, des voix peu fidèles aux originales et un panel de bruits de fond et d'effets dispensable.

Malgré cette réalisation en demi-teinte, il reste toujours à SVC Chaos son roster conséquent (malgré une sélection de personnages improbable) et le plaisir de voir s'affronter les héros de Capcom et ceux de SNK. Le gameplay, s'il emprunte ses bases à KOF, s'en éloigne toutefois beaucoup. Le tempo est très particulier et les combos pas faciles à réaliser, et pour ne rien arranger, les impacts sont peu précis. Les personnages ne sont pas équilibrés du tout entre eux, et certains se révèlent rapidement inefficaces alors que d'autres le sont beaucoup trop. Certains choix techniques sont également discutables: les prises se font en combinant A+B ou C+D et font baisser la power gauge, alors que presser ces mêmes combinaisons pendant la garde déclenche un dégagement ou un contre. En revanche, les dash et backdash sont très courts et il n'y a pas d'esquive. Il n'est plus possible de courir ni d'effectuer des roulades, et le coup puissant (C+D) a disparu. Bref, avec SVC Chaos, on a l'impression de jouer à KOF avec une main attachée dans le dos. Au final, le jeu déçoit le fan qui en attendait trop: choix des combattants très discutable, réalisation en demi-teinte, et par-dessus tout, un gameplay un peu terne.


GRAPHISME

83%

Le jeu comporte dix décors aux couleurs parfois fades, mais au trait réussi. Quant aux personnages, le résultat est correct: personne n'a été trop défiguré!
ANIMATION 90%
La décomposition est satisfaisante, le dynamisme au rendez-vous: SVC se hisse au niveau d'un KOF, ce qui constitue une belle performance.
SON 72%
Les compositions ne sont pas géniales, mais n’entachent pas non plus l'ambiance du jeu. Les bruitages sont perfectibles et les digits vocales dans la moyenne.
DURÉE DE VIE 89%
Le roster est énorme: trente-six combattants! Autant dire que les affrontements seront interminables entre pro-Capcom et pro-SNK.
JOUABILITÉ 74%
Le gameplay de SVC déçoit un peu: les mécaniques de jeu sont inférieures à n'importe quel KOF, mais aussi moins fun qu'un Real Bout Special, par exemple. On s'amuse, mais pas de quoi se relever la nuit.

NEOGEOKULT

Overall

80%
Mieux vaut ne pas comparer SVC Chaos à un Garou ou un Kof 98. Néanmoins, ce cross-over conserve un certain charme, avec une réalisation décente un un roster copieux.

QUALITÉ/PRIX (2014)

SVC Chaos a forcément beaucoup de charme pour tout aficionado de VS fighting. Deux bémols: le résultat n'est pas aussi exceptionnel que l'on aurait pu s'y attendre, et son prix est élevé: plus de 200 euros quelle que soit la version. A vous de choisir!

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