Reviewed in 2012 by Tibe

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La clique à Karnov

par Tibe (2019)


Dans la lignée des clones de Street Fighter II, beaucoup de jeux auraient pu être poursuivis pour plagiat, mais un seul a fait l'objet d'un procès par Capcom, et c'est Fighter's History. Et si Capcom a perdu son procès, on peut dire que Data East l'a vraiment échappé belle. Citons quelques éléments dont s'est "inspiré" l'éditeur pour son jeu sorti en 1993: jouabilité à six boutons (trois poings, trois pieds), défilement du sol en fausse 3d, musique qui s'accélère lorsqu'un guerrier est proche du KO, ralenti lors du KO, roster composé de personnages très, très ressemblants dans leurs archétypes (Ray/Ken, Mizoguchi/Ryu, Fei-Lin/Chun-Li, Jean/Guile, Marstorius/Zangief, etc...). Bon, il faut bien dire que les éditeurs se sont copiés les uns les autres en ce temps-là, mais reconnaissons que Data East copiait mieux que les autres. Il n'en reste pas moins que Fighter's History mérite d'être découvert! Bin oui, si Capcom a fait un procès, c'est que le jeu ne doit pas être si mal...

Si les graphismes ne sont pas aussi beaux que ceux de Fatal Fury Special ou Super Street Fighter II, il sont quand même agréables à l’œil, avec une belle variété d'environnements usant d'une palette de couleurs très correcte, ainsi que des personnages dessinés selon les standards de l'époque. Un peu plus de finesse et de détails auraient permis de faire jeu égal avec les ténors du genre, mais Fighter's History ne s'en sort quand même pas si mal. Idem pour l'animation, qui est rapide et relativement fluide. On a même droit à des décors vivants (effets sur l'eau, les classiques badauds qui gesticulent, etc). Le seul petit hic, et bien il concerne certaines postures chez certains personnages qui sont un peu ridicules, mais bon... Data East a le sens de l'humour, et au fond, ce n'est pas si désagréable. La bande son est nettement plus banale, avec quelques musiques sympathiques, mais qui dans l'ensemble se font bien vite oublier. Les impacts de coups sont semblables à ceux de Street Fighter II, alors que l'acting des voix des personnages est un peu surjoué. Il faut entendre Jean (D'Jin) hurler "la belle rose!" ce qui donne avec l'accent japonais "la vella wozzz".

L'ambiance et la "personnalité" de Fighter's History s'inscrivent donc résolument dans le kitsch le plus assumé, mais quelque part, ça fait du bien de voir un jeu de baston qui ne se prend pas au sérieux. Viccom ira encore plus loin dans cette vision des choses, avec le remarquable Fight Fever. Data East nous propose ici un gameplay à six boutons, avec combos, prises, stuns, coups spéciaux, bref, toutes les bases d'un versus fighting de cette génération. A ceci près que Fighter's History, pour peser dans la balance, aurait dû sortir en 1991. Deux ans après, il reste un titre de bonne facture, mais dépassé par l'intégralité de ce qui sort de chez Capcom, SNK et Midway à cette même époque. Il n'empêche que Fighter's History est attachant, et si l'on prend le temps de s'y plonger et de progresser un peu, le plaisir est bel et bien là. Le système de stun (combattant groggy) est original, car lié à un élément vestimentaire. En portant les coups au niveau de celui-ci, on le fragilise et il clignote. Lorsqu'on finit par le détruire, le personnage est étourdi, vous laissant la possibilité de placer une superbe combo!

La plupart des archétypes de personnages de jeu de baston sont représentés et inspirés de divers autres VS Fighting, à l'exception bien sûr de certains oiseaux rares, comme par exemple Karnov ou Clown, que Data East seul pouvait intégrer dans un jeu de baston. Matlok le punk ressemble à s'y méprendre à Duck King, Marstorius le chopeur n'est autre qu'un clone de Zangief, Jean la tapette française (forcément) est un Guile efféminé, Samchay est le Joe Higashi du pauvre, Ray un mélange Ken/Terry Bogard, et Mizoguchi pourrait sortir tout droit de Art of Fighting... mais c'est un des persos qui a le plus de gueule, alors bon. Il faut avoir vu les fins des combattants pour comprendre que Data East est vraiment sur du second degré avec son jeu. Certaines sont à mourir de rire, et franchement, encore une fois, c'est tout de même très agréable de jouer à un jeu plus que décent qui ne se prend pas au sérieux. Fighter's History a beau pomper les plus illustres jeux de versus, il n'en est pas moins un second couteau tout à fait correct, à la personnalité très attachante.


GRAPHISME

77%

Les décors sont simples mais beaux, et les combattants finement dessinés. Par contre si vous aimez le kitsch, vous allez être servis.
ANIMATION 80%
Sol animé en 3d, animation correctement décomposée, vitesse de jeu au niveau des standards de l'époque... sans être la référence absolue, FH dispose d'une bonne animation.
SON 70%
La bande son est tout à fait moyenne, il n'y a pas de musique inoubliable, mais les impacts de coups et les voix sont très corrects.
DURÉE DE VIE 82%
Il y a neuf personnages jouables et deux Boss, il y a mieux en 1993, mais c'est encore plus que décent. L'humour et l'ambiance du jeu font cependant qu'on y revient bien volontiers.
JOUABILITÉ 75%
Pompant éhontément Street Fighter II, Data East réussit un VS fighting de bon niveau, mais dont le roster est déséquilibré et les mécaniques de jeu ne sont plus à la page.

NEOGEOKULT

Overall

76%
S'il était sorti en même temps que Street Fighter II, Fighter's History en aurait été un très sérieux rival. Sorti deux ans et demi plus tard, il s'agit d'un second couteau, mais de bonne facture cependant.

ET SUR NEO GEO?

Il y a la suite, bande de petits veinards: Karnov's Revenge! Celui-ci est un peu plus complet que son aîné et se joue à quatre boutons au lieu de six. Sortis à un an d'intervalle, les deux titres se ressemblent beaucoup, exactement dans le même délire kitsch.

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