Reviewed in 2013 by Tibe

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Y't plaît pas mon pyjama dis !?

par Tibe (2013)


La culture nippone regorge d'un panel impressionnant de monstres loufoques et de super-héros en pyjama. En général, ce sont des humanoïdes, géants ou pas, portant un costume intégral moule-burne: Eightman, Bioman, X-Or, Megaloman, Mirrorman, Kamen Rider... une foule de personnages aussi grotesques que ridicules. Enfin, pour nous, occidentaux! Car au pays du soleil levant, le pyjama se porte haut et fier. Ultraman reste lui, avec Godzilla, le géant le plus emblématique et le plus adoré des japonais. Celui-ci voit le jour dans les années 60 à la télévision et perdure encore aujourd'hui. Haut de quarante mètres et pesant trente-cinq mille tonnes, notre ami affronte d'épisode en épisode tout un tas de monstres farfelus, tout droit sortis de l'imagination de cerveaux malades. Alors pensez donc, lorsque sort la Super Famicom fin 1990, Bandaï se fait fort de frapper un grand coup en proposant un jeu Ultraman sur celle-ci, quasiment à sa sortie. C'est d'ailleurs cette version japonaise qui est testée ici, à ne pas confondre avec les portages euro et us du jeu (Towards The Future), sensiblement retouchés.

Et précédant le raz-de-marée VS fighting des années 90, Ultraman voit le jour au printemps 91 sur la 16-bits de Nintendo! Coupant l'herbe sous le pied de Capcom et de SNK, le titre de Bandaï rafle une part de marché importante sous le nez des deux éditeurs: l'intégralité des joueurs d’hôpitaux psychiatriques. Incompréhensiblement, le succès du soft se limitera à cette clientèle, se révélant contre toute attente incapable de séduire d'autres gamers. Un phénomène qui reste aujourd'hui inexpliqué, bien que différentes thèses soient avancées: complot de la judéo-maçonnerie, manipulation orchestrée par Spiderman, non-recommandation de Steevie Wonder, menaces auprès de la presse spécialisée... Cette dernière hypothèse étant celle retenue par la version officielle, tant les magazines de jeux vidéo firent mauvaise presse à Ultraman. Jugez vous-mêmes: "Ultraman ne mérite même pas un coup d'oeil" Player One N°24; "...éveille un enthousiasme des plus loufoques" Micro News N°47; "Daubesque" Gen4 N°35... Quelqu'un, ou quelque chose, a voulu l'échec commercial de ce hit en puissance. Et l'histoire nous montre que malheureusement, cette engeance y a réussi.

D'accord, les graphismes ne sont pas 'exceptionnels', mais n'oublions pas que la SNES en est à ses balbutiements! N'empêche, ceux-ci sont tout à fait dignes d'une Master System programmée par un enfant de douze ans, ce qui n'est pas si mal si on regarde bien. Les décors sont essentiellement des paysages naturels ou de grandes villes japonaises, parfois complètement dévastées. Quant aux héros, quel charisme! Bien évidemment Ultraman vole la vedette avec son beau pyjama rouge et violet (la tendance qu'adoptera Chanel dès 1992), mais ses adversaires sont tous plus ravissants les uns que les autres. Rien qu'en citant leurs noms, déjà on devine: Bemular, Mefilas, Telesdon, Jamyra... mutants, aliens, résidus de fausse-couche... nous sommes gratifiés d'un bestiaire de méchants hyper-fidèle à la série TV, c'est-à-dire tout droit sortis de l'imagination d'un maniaco-dépressif. La cerise sur le gâteau, c'est que tout cela est incroyablement animé. Ultraman bouge sacrément bien, encore faut-il tenir compte de son incontinence chronique, de ses jambes de bois et de son arthrose généralisée. Quant à ses ennemis, ceux-ci sont aussi vifs et souples qu'ils sont beaux et charismatiques.

Ajoutez à ceci une bande son digne de "Chuck Norris contre les Tortues Ninja" et des effets sonores tout droit sortis de Turkish Star Wars, et vous l'aurez compris, on tient un titre qui fait honneur aux consoles 16 bits et au genre humain tout entier. Mais décrire Ultraman est une chose, le vivre en est une toute autre. Car au-delà de l'envergure esthétique se cache un jeu riche, profond et technique, qui tiendra en haleine longtemps les aficionados du Versus Fighting Game. Les plus râleurs déploreront l'absence de jeu à deux, les plus mesquins mentionneront le roster un peu restreint, alors oui, évidemment. C'est oublier un peu vite la dimension technique du soft: coup de poing, coup de pied, laser sur quatre niveaux, saut (assigné à un bouton), roulades, prise au corps à corps... mais aussi l'intensité des combats, difficilement descriptible: vitesse stupéfiante de l'action, variété ubuesque des affrontements, vice incommensurable des ennemis, violence phénoménale des coups... Ultraman n'est clairement pas un jeu à mettre entre toutes les mains. Bandaï frappe encore très fort avec ce titre, qui marque à tout jamais l'histoire du jeu vidéo, à la manière d'un slip d'incontinent après une dizaine de menus Best-Of.


GRAPHISME

29%

L'écran Full HD est bien le minimum pour apprécier les effets pyrotechniques et les détails sur les personnages.
ANIMATION 16%
Lent, saccadé, imprécis, anémique, grand-guignolesque, jeanfoutresque, pétomane, au secours!
SON 41%
Les musiques dignes de véritables nanars à monstres géants ne déçoivent pas! Les bruitages eux, sont tellement mauvais qu'ils en sont drôles... et c'est déjà ça!
DURÉE DE VIE 27%
Il n'y a que neuf monstres à battre en un seul round chacun, aucune marge de progression, aucune profondeur, et pas même la possibilité de jouer à deux: un comble.
JOUABILITÉ 12%
Ultraman est littéralement sans intérêt: l'absence totale d'étude des programmeurs sur le gameplay est flagrante! Dès les premières secondes avec la manette en main, on comprend qu'on s'est fait avoir!

NEOGEOKULT

Overall

18%
Bandaï signe une bonne licence bien merdique comme il a toujours su le faire, mais il faut reconnaître à l'éditeur qu'il s'est surpassé sur ce coup-là: Ultraman est un véritable déchet radioactif qui souille à tout jamais la 16-bits de Nintendo.

ET SUR NEO GEO?

Il y a King of the Monsters sur Neo Geo, sorti la même année, qui propose des combats entre monstres géants de très bonne qualité! Si c'est le côté "jeu pourri" qui vous attire, tentez le coup avec Fight Fever: vous ne serez pas déçus!

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