
Ce début des années 90 allait marquer un tournant dans le VS fighting, Capcom dégaine le premier en Mars 1991, avec Street Fighter II qui envahit les salles d'arcade. La réponse de SNK ne se fait pas attendre longtemps, puisqu'en décembre de la même année sort Fatal Fury. Les hardwares CPS et MVS sont les deux grands rivaux du début des années 90 et se font régulièrement face dans les salles obscures. Le système de Capcom, plus vieux de deux ans, concède l'avantage technologique sur presque tous les points à celui de SNK. Seule sa résolution est un poil plus élevée (320x224 contre 384x224), mais ne constitue pas un gros avantage vu les couleurs affichables de la Neo geo (4096 contre 256). Cependant, les programmeurs de Capcom ont acquis une certaine expérience sur cette plate-forme.
Graphisme
SFII nous fait voyager à travers le monde, via douze stages variés; ils sont finement dessinés, à part de rares trop symétriques ou moins travaillés que d'autres (Dhalsim, Zangief ou encore Vega). La sensation de profondeur est excellente, chaque thème est bien adapté à son héros et le trait talentueux. Les combattants sont également colorés et détaillés. Il n'y a pas grand chose à redire à ce chapitre, Capcom fait très fort. Le scénario de Fatal Fury se déroule à Southtown, où a lieu le tournoi King of Fighters. Les décors sont moins nombreux (huit au total) et le style plus balbutiant, moins abouti que celui de Street Fighter. Malgré cela, les décors sont agréables et SNK a eu la bonne idée de rendre les stages évolutifs. Round après round, l'heure de la journée change, et l'on se bat dans les mêmes endroits le matin, l'après midi ou la nuit. Les rues de Southtown ne manquent pas de profondeur non plus; par contre, on croise les mêmes badauds d'un endroit à l'autre. Les personnages sont un peu plus grands que dans SFII, mais moins fins.
Fatal Fury 89 96 Street Fighter 2
Animation
Soyons clairs, nos deux jeux proposent ce qui se fait de mieux dans le genre en 1991. On est bien loin encore de la décomposition d'un Garou ou d'un Street Fighter III, mais ça reste très correct et agréable à l’œil. Street Fighter II offre une animation mieux décomposée que son rival, ainsi qu'un scrolling ligne par ligne pour animer le sol en "pseudo 3d". Les personnages bougent à une vitesse relativement élevée pour l'époque; c'est également le cas pour Fatal Fury, qui donne l'impression d'être même plus rapide, mais offre des sensations d'impact moins lourdes. Quant aux décors, le titre SNK se montre un peu plus vivant et travaillé, avec de très bonnes idées comme la pluie, les trains qui passent où tout simplement les reflets de l'eau. Mais sur l'essentiel, à savoir les personnages, Capcom tient le haut du panier.
Fatal Fury 84 94 Street Fighter 2
Bande Son
Fatal Fury
Street Fighter 2
Les chants du stage de Richard Meyer, l'ambiance Zen qui tourne à la tempête chez Maître Tung, les rythmes endiablés en haut de la tour de Geese... Fatal Fury déménage! Les thèmes sont relativement inspirés et de bonne qualité, c'est indéniable... mais les compositions de Street Fighter II sont tout de même un cran au-dessus. Si les capacités sonores du CPS limitent la qualité, les mélodies sont géniales, et la bande son de cet opus reste une des meilleures de toute la saga. Les thèmes des personnages sont aujourd'hui devenus mythiques, ne serait-ce que ceux de Guile, M.Bison (le boxeur) ou encore ceux de Ryu et Ken. Les bruitages de SFII se composent de bruits d'impact différents selon le niveau de puissance des coups portés. Dans Fatal Fury, la qualité globale est supérieure tout en utilisant des bruitages variés. Les digits vocales sont supérieures au CPS qui grésille à souhait sur les voix et même certains effets.
Fatal Fury 90 90 Street Fighter 2
Durée de Vie
Alors que Fatal Fury offre un maigre roster de trois personnages jouables, Street en propose huit, un record pour 1991! Pour terminer Fatal Fury il faudra combattre huit adversaires, contre onze chez son concurrent. Deux bonus stages contre trois, ainsi que des combos à découvrir là où FF n'offre qu'un peu plus de coups spéciaux par perso. En fait, le seul point où SNK prend le dessus, c'est l'immersion et le "scénario". La vengeance des frères Bogard et la progression dans le tournoi, ponctuée par les interventions de Geese Howard, tout cela est bien ficelé. Le jeu dégage une atmosphère très marquée, là où Street Fighter II se montre plus impersonnel. Cela rend le jeu attachant, certes, mais ne lui permet pas de rivaliser avec son adversaire, qui emporte cette manche haut la main.
Fatal Fury 65 93 Street Fighter 2
Gameplay
Street Fighter II use de six boutons: trois niveaux de puissance pour les poings et trois pour les pieds. Les coups spéciaux requièrent des manipulations spéciales, comme des charges, ou bien des quarts ou demi-cercles avec le stick, etc. Fatal Fury reprend ce principe, mais dans le jeu de SNK géométrie et timing sont trop précis, rendant les coups spéciaux sont difficiles à sortir. Si les personnages de Fatal Fury ont davantage d'attaques spéciales, c'est trop léger face à la variété des combattants adverses et leurs combos, peu nombreux mais déjà existants. FF inaugure un système de jeu à trois boutons A=poing, B=pied et C=chope. C'est assez désuet et C s'avère difficile à utiliser et peu intuitif. Autre nouveauté, une aire de combat sur deux plans, concept peu convaincant, puisqu' aucune commande ne permet de s'y déplacer. Il faut attendre que le CPU se décide à y aller pour l'y rejoindre et effectuer des coups d'un plan à l'autre. Autre idée plus amusante, le joueur 2 peut interrompre une partie contre le CPU et rejoindre le joueur 1, pour flanquer une correction à deux contre un à la machine! Néanmoins, le gameplay n'est pas encore au point dans FF, et si de bonnes idées sont présentes et que le jeu est agréable, c'est encore une fois insuffisant face à son concurrent, qui enfonce définitivement le clou ici.
Fatal Fury 69 97 Street Fighter 2
Conclusion
Capcom est décidément à des années-lumière de la concurrence en 1991. Lorsque sort Street Fighter II, aucune firme ne peut prétendre concurrencer l'éditeur dans ce domaine, tant son jeu est abouti. Pour vous en convaincre, sachez simplement qu'à cette période, Fatal Fury était de loin son plus sérieux concurrent... Et il perd pourtant ce duel à plate couture. Le jeu de SNK a pour lui une réalisation de bon niveau et des personnages attachants, mais ne fait absolument pas le poids en terme de durée de vie et de gameplay. L'éditeur va revoir sérieusement sa copie par la suite avec Fatal Fury 2 et revenir dans la course l'année suivante. Mais pour l'heure, Street Fighter II règne en maître absolu dans les arcades.