
SNK et Irem à nouveau dos à dos, cette fois-ci dans la catégorie Shoot them Up. Tout amateur du genre connaît R-Type et sait à quel point Irem a marqué l'histoire avec ce titre. SNK se lance pour la première fois avec Last Resort dans le jeu de tir horizontal sur sa 16 bits: nous voici face à un bon gros clone de R-Type, sauce Neo Geo! Le MVS est confronté au M-92, avec R-Type Leo, troisième opus de la saga. Rappelons que le hardware d'Irem est légèrement inférieur à la Neo Geo en terme de processeurs, sprites et couleurs affichables, alors qu'il utilise un chip son semblable, de marque Yamaha. Le système SNK est aussi avantagé sur la mémoire vidéo et la ram, alors que le M92 est sensiblement plus fin en terme de résolution. L'espace mémoire occupé par les deux concurrents est proche puisque le titre SNK ne fait que 11Mb de plus, ce qui sera peu significatif dans ce duel.
Graphisme
L'évolution depuis R-Type jusqu'à Leo est sensible, mais malgré la résolution utilisée le jeu manque de finesse et de profondeur. Les stages - au nombre de six - ont l'avantage d'être variés et d'utiliser des nuances de couleurs très différentes. Le bestiaire ennemi est quant à lui un peu moins divers, tout comme dans Last Resort: chaque monde a quelques créatures propres, alors que l'on retrouve certaines systématiquement dans tous les stages. Le jeu SNK propose un graphisme plus fin, usant d'une palette de couleurs plus riche, alors que le trait est particulièrement inspiré. Les Boss sont aussi impressionnants dans l'un et l'autre, mais l'on a connu les graphistes d'Irem plus en forme: Last Resort emporte cette manche sans difficulté.
Last Resort 93 84 R-Type Leo
Animation
Nos adversaires ont en commun le jeu coopératif et une action soutenue: bonjour le nombre de sprites à l'écran, les scrollings différentiels et les tirs croisés! Résultat, dans l'un et dans l'autre quelques ralentissements surviennent -surtout lorsque l'on joue à deux- mais cela est davantage sensible dans Last Resort qui, d'une manière générale, est plus chargé en sprites. En terme de vitesse, les softs font jeu égal. Par contre, le souci du détail n'a pas été le même chez l'un et l'autre: les décors sont plus vivants chez SNK, le jeu fourmillant de petits détails (voitures qui explosent, pilotes de vaisseaux éjectés, pluie, mer en mouvement...). L'animation est également bien plus fluide que chez le concurrent. Même les explosions sont mieux réalisées, sans oublier les effets de zooms de toute beauté.
Last Resort 85 80 R-Type Leo
Bande Son
Last Resort
R-Type Leo
Last Resort propose des thèmes dramatiques, très bien adaptés à l'ambiance post-apocalyptique du jeu. Ceux-ci sont savamment orchestrés et variés, mais pas envahissants: ils s'imprègnent pendant les parties en soutenant bien l'action, sans pour autant être marquants. R-Type Leo propose des musiques plus banales, assez hors-sujet même (très techno-gay) et manquant cruellement de personnalité. Les bruitages ne rattrapent pas la sauce car très basiques et de qualité médiocre. C'est bien le strict minimum que nous propose ici Irem. SNK s'est davantage appliqué sur ce chapitre, avec des bruitages réussis et plus réalistes.
Last Resort 88 69 R-Type Leo
Durée de Vie
Il y a cinq niveaux qu'il faut boucler deux fois chez SNK contre six chez Irem. Si Last Resort se montre plus ardu que son adversaire, il est décevant que certains Boss soient un peu trop faciles à tuer en mode normal, alors qu'au contraire quelques passages au cours de niveaux sont particulièrement tendus. Un système de checkpoint à la R-Type s'applique lorsque l'on joue seul, alors que l'on respawn directement lorsque l'on joue à deux. R-Type Leo ne reprend pas le système de ses ancêtres, offrant de continuer en reprenant exactement de là où l'on est mort, seul ou à deux. Celui-ci est donc plus facile à finir, mais moins rebutant et surtout plus varié avec ses six stages à finir une seule fois.
Last Resort 75 76 R-Type Leo
Gameplay
Irem a choisi d'innover, en changeant radicalement le système de module. Cinq types de bonus existent: trois de tir (vert, bleu ou rouge) donnant un armement différent qui s'upgrade sur trois niveaux. Le bonus M fournit des missiles en plus du tir de base, et S bien entendu le speed-up. Le premier bonus de tir collecté octroie non plus un, mais deux petits modules qui viennent se placer au-dessus et en-dessous de l'appareil. Point de charge de tir désormais ou de déplacement du module, le gameplay a été simplifié: on tire avec A, mais il est possible de lancer les deux modules en appuyant sur B: ceux-ci sont à tête chercheuse et iront détruire directement les ennemis. Paradoxalement, niveau gameplay Last Resort ressemble bien plus à R-Type que son descendant Leo! Le système évolutif se décompose en speed-up et power-up bleus et rouges, avec des lettres gravées dessus: H, L, G. Homing Missile, Laser et Ground missile. Trois niveaux de puissance ici aussi sont possibles pour chaque type. Le premier bonus procure le module bouclier, et celui-ci peut être placé n'importe où autour du vaisseau. On peut verrouiller ou déverrouiller sa position en appuyant sur B. Maintenir A permet de charger le lancement du module dans n'importe quelle direction pour tout détruire sur son passage. C'est ici qu'intervient la couleur du bonus ramassé: si celui-ci était bleu, le module bleu rebondit, s'il était rouge, le module glisse. Plus complet sur le plan tactique, Last Resort l'emporte.
Last Resort 90 82 R-Type Leo
Conclusion
Techniquement, la Neo Geo a cette fois-ci nettement dominé le M-92. R-Type Leo n'est certes pas le meilleur de la série, mais il reste un titre de grande qualité. Il n'y a guère qu'en terme de durée de vie que le jeu d'Irem prend le dessus sur son concurrent; Last Resort qui n'est pourtant qu'un énième clone de R-Type, propose cependant quelques bonnes innovations, une réalisation et une ambiance uniques, en plus d'un gameplay très bien repensé autorisant beaucoup de tactiques. Une belle victoire de SNK qui exploite magnifiquement sa console, avec les 45 Mb de Last Resort.