
Voici le troisième duel entre la vénérable Neo Geo et le fougueux PGM, aka PolyGame Master. Dans les précédents affrontements, le système SNK avait pris l'avantage grâce à l'expérience et au talent de ses programmeurs. La bête de chez IGS décline la même architecture de processeurs que le MVS, mais avec du hardware plus récent et une puissance décuplée. Demon Front est aux yeux du public averti, l'un des meilleurs titres disponibles sur cette plateforme: c'est un run'n'gun aux graphismes sublimes, empruntant pas mal d'idées à Metal Slug et disposant de quelques petites originalités. J'ai choisi de le confronter à Metal Slug 3 plutôt qu'au 4, même si ce dernier est sorti la même année que lui: en effet, l'épisode réalisé par le coréen Mega est le moins bon représentant de la saga. C'est pourquoi Demon Front est confronté au champion de la saga de SNK, j'ai nommé: Metal Slug 3!
Graphisme
La supériorité technique du PGM permet à Demon Front d'opposer une forte concurrence à Metal Slug 3. Que ce soit sur la résolution ou le nombre de couleurs affichées, le titre d'IGS tient la dragée haute au fleuron du run'n'gun de SNK. Les décors de DF offrent un peu plus de relief et de finesse que ceux de son rival, mais aussi plus de couleurs... ce qui signifie qu'on a affaire à un vrai bijou de la 2D! Néanmoins, MS3 l'emporte sur les graphismes pour deux raisons: non seulement ses somptueux décors sont nettement plus nombreux que ceux de Demon Front (entre autres grâce aux différents passages dans les niveaux), mais surtout, l'ensemble des sprites du jeu sont plus beaux et plus travaillés. Le bestiaire ennemi se révèle également plus varié, sans compter la pléthore de véhicules ajoutant encore au tableau.
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Animation
Metal Slug 3 et Demont Front rivalisent de fluidité et de décomposition, c'est un vrai régal de part et d'autre! Les Boss sont énormes, l'action intense... Dur de les départager sur l'animation, vous l'aurez compris. Dans DF, je n'ai pu déceler strictement aucun ralentissement d'un bout à l'autre du jeu (à deux simultanément), ce qui est un peu mieux que MS3, qui concède quelques (rares) baisses de frame-rate lors de passages très chargés, à deux joueurs. D'un autre côté, le soft SNK est plus poussé dans la décomposition et les petits détails animés, que ce soit sur les ennemis ou ici et là dans les différents niveaux... C'est donc un match nul sur ce chapitre.
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Bande Son
Metal Slug 3
Demon Front
Mélodies et bruitages des jeux de la saga Metal Slug sont dans toutes les mémoires de gamer (Heavy Machine Gun!). En revanche, la bande son de Demon Front ne marquera pas les esprits! Les effets sonores sont pour la plupart inspirés de MS, sans originalité ni amélioration quelconque. Quant aux musiques, cela va du banal au désagréable. Autant dire que les gars d'IGS n'étaient pas inspirés ce jour-là. Metal Slug 3, riche de l'expérience acquise lors des opus précédents, propose une pléthore de bruitages et de voix parfaitement réalisés, en plus de thèmes musicaux d'excellente facture... qui lui permettent de prendre un net avantage ici.
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Durée de Vie
Nos run'n'gun offrent cinq longs niveaux et un challenge relevé! Comptez plus de cinquante minutes pour venir à bout de Demon Front, contre quasiment une heure pour Metal Slug 3. Il y a quatre personnages différents à incarner dans chacun, mais le titre SNK prend l'avantage sur la variété des armes (dix-huit au total contre seulement six), la présence de véhicules (douze, quand même!) et une multitude d'embranchements dans les niveaux: on en compte quatorze en tout pour les quatre premiers stages. Demon Front oppose à son rival des mécaniques de jeu suffisamment bonnes pour faire revenir les joueurs une fois le jeu fini (scoring, Boss multiples..) mais MS3 répond avec le même genre d'arguments - en plus du reste.
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Gameplay
Le point fort des jeux Metal Slug a toujours été le gameplay, et cet épisode 3 ne dément pas cette affirmation, reprenant et améliorant les bases posées par ses prédécesseurs. Supérieur à son rival sur le nombre d'armes proposées et la présence de véhicules dans le jeu, celui-ci offre aussi une meilleure variété dans l'action, grâce aux différents chemins possibles et à quelques phases orientées "shoot them up", et d'autres "plate-forme" diversifiant l'action. Au célèbre système de scoring basé sur les items cachés et les prisonniers à délivrer, Demon Front oppose un système de combos prenant, basé sur l'enchaînement d'ennemis tués, ainsi que la gestion du "Pet": chacun de nos héros est accompagné d'un petit élémentaire, dont l'attaque est déclenchée en maintenant A. Ceci remplace en quelque sorte les bombes du bouton C de Metal Slug. Notre Pet gagne des level-up si l'on en fait bon usage, ce qui augmente sa puissance de feu. Il y a également les nombreux items de scoring, les éléments du décor à détruire et pas mal de bonus cachés à découvrir... Pas de doute, le soft d'IGS donne envie d'y revenir, même terminé. Mais face au gameplay de Metal Slug 3, cela reste insuffisant: le fleuron de la saga de SNK se montre trop accrocheur, avec son action encore plus fun, son scoring addictif, ses multiples passages, ses bonus cachés, ses surprises, clins d’œil et bien sur sa maniabilité parfaite.
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Conclusion
IGS réussit avec Demon Front un remarquable clone de Metal Slug, même s'il fait penser à Top Hunter sur certains aspects. Il n'est pas fantaisiste de considérer ce titre comme le fleuron de l'éditeur taïwanais, car celui-ci reste un bon cran au-dessus des autres réalisations de la firme. Il échoue néanmoins à dévisser Metal Slug 3 de son trône: ses qualités ludiques s’avèrent bien insuffisantes à rivaliser avec l'un des meilleurs run'n'gun de tous les temps. Demon Front reste cependant un très bon titre du genre, dont les graphismes de haute volée resteront sans nul doute ce dont on se souviendra le plus.