
Dans la catégorie Run'n'Gun, le titre le plus ressemblant et le plus susceptible de se mesurer à Metal Slug de Nazca sur la console Sega Megadrive est probablement Contra: Hard Corps, réalisé fin 1994 par Konami. La console y est très bien programmée et ses capacités remarquablement exploitées, comme nous le verrons dans les lignes qui suivent. Le jeu de Konami utilise une cartouche de 16 mégas, une taille fort honorable pour le support de Sega. Metal Slug, comme il est de coutume sur Neo Geo, occupe une cartouche imposante de 193 mégas. La Rolls des consoles offre d'emblée une longueur d'avance à son soft, mais cela suffira-t-il à gagner ce comparatif?
Graphisme
L'écart technologique est sensible, le manque de couleurs de la console Sega s’avérant flagrant (64 affichables contre 4096). Si les décors de Contra sont variés et travaillés, l'ensemble est pauvre en comparaison de son adversaire, avec des sprites simplistes, peu détaillés. De plus, à l'instar de Robo Army, une partie du haut de l'écran est occupé par une bande noire affichant les vies et armes des personnages. Ramené au support, c'est plus que correct, même si on a vu quand même bien mieux sur Megadrive (Gunstar Heroes, Alisia Dragon ou Shinobi) et que les différents tirs et effets visuels sont de bonne facture. Metal Slug bénéficie de graphismes plus fins, très colorés, et d'un niveau de détail jamais vu auparavant. Les niveaux sont encore plus variés que dans Contra Hard Corps, les décors ont une belle profondeur et les personnages sont admirablement dessinés, mélangeant des teintes réalistes avec un effet burlesque digne d'un cartoon.
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Animation
Contra propose une action intense et un débit d'ennemis soutenu... on en prend plein la poire au gré d'une animation détaillée et soignée. Effets de rotation, morphing, scrollings rapides... Seules les phases de dialogue viennent casser un peu le rythme. Metal Slug dispense une action un peu moins speed, mais non moins intense. Chaque décor fourmille de détails animés, le jeu est extrêmement vivant et ce qui frappe le plus, c'est la décomposition de l'animation. Véhicules, personnages, ennemis, Boss, décors... Nazca a porté un soin tout particulier à ce chapitre. Quelques rares ralentissements lors des parties à deux viennent perturber l'action, mais rien de dramatique. La Megadrive est bien exploitée et si le jeu est moins impressionnant que son concurrent, il est malgré tout irréprochable.
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Bande Son
Metal Slug
Contra Hard Corps
La Neo Geo est connue pour ses capacités sonores hors-normes pour sa génération, et ce n'est pas Metal Slug qui fera défaut à cette particularité! Les musiques du jeu sont prenantes, savamment orchestrées et variées. Les thèmes sont carrément mémorables et pour certains, épiques! Les bruitages sont dignes des meilleurs films d'action américains, attendez-vous à du grand spectacle! Bruits de tirs, explosions, cris... voici un autre aspect du jeu qui a bénéficié d'une attention soutenue à beaucoup d'égards. Contra lui, joue dans un registre musical techno plus speed, et ici encore, celà sied parfaitement à l'action. Malgré les capacités plus faibles de la Megadrive, le jeu s'en sort bien. Les effets sont un bon cran en-dessous de Metal Slug, et si celà l'ensemble est somme toute au-dessus de la moyenne, c'est insuffisant pour rivaliser avec le titre de SNK.
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Durée de Vie
Metal Slug, c'est six niveaux à franchir, une difficulté peu élevée, pour un jeu se terminant en une trentaine de minutes. Contra Hard Corps est un jeu extrêmement difficile à terminer: une multitude de stages et différents embranchements, pour un total de six fins possibles. Pour enfoncer le clou, le titre propose quatre personnages différents et se voit agrémenté d'un scénario avec quelques dialogues ponctuant l'action. Voir toutes les fins de Contra prendra des heures, mais ne serait-ce que le terminer est déjà un exploit. A ce niveau, le jeu prend un avantage sur son concurrent, offrant une richesse que peu de titres du genre ont égalé, ainsi qu'un challenge de haut vol. Metal Slug tient tout de même une revanche sur le jeu de Konami en termes de durée de vie: son fun, sa richesse, la multitude de bonus à découvrir ainsi que son système de prisonniers à délivrer (en ne perdant pas de vie pour pouvoir les comptabiliser à la fin de chaque stage) fait qu'on revient avec plus de plaisir à ce dernier.
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Gameplay
A l'ergonomie et la souplesse des commandes de Metal Slug, Contra réplique avec une panoplie de mouvements complète et une vitesse de déplacement supérieure. Quatre personnages pour plus de variété, contre deux identiques à jouer pour le titre de SNK. Sans compter les phases d'action variées (scrollings multi-directionnels, course sur une route en pseudo-3D...) ainsi que le choix des passages qui varient un peu, chose absente de Metal Slug. Cependant, ce dernier prend l'avantage sur la variété de l'armement (cinq armes, des véhicules, des grenades, contre quatre armes pour Contra), ainsi que le système de score plus intéressant, avec des bonus et des prisonniers à délivrer, cachés un peu partout dans les niveaux. Une mise en scène plus poussée et des dialogues ponctuant l'action ajoutent un peu à l'ambiance de Contra, alors que son adversaire mise tout sur l'humour et la démesure. Des ambiances radicalement différentes mais plaisantes de part et d'autre. Conclusion, nos deux protagonistes offrent chacun un gameplay poussé et agréable... Toutefois, puisqu'il faut les départager, il apparaît que le plaisir de jeu et le fun sont meilleurs dans Metal Slug, qui même fini dix fois, vingt fois, cent fois, fait revenir le joueur aux manettes pour de nouvelles parties; là où le challenge Contra, une fois terminé, perd de son pouvoir d'attraction.
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Conclusion
Contra reste l'une des franchises les plus abouties de Run'n'Gun. Il avait face à lui un sérieux client: Metal Slug, l'instigateur d'un tout nouveau gameplay dans le domaine et le précurseur d'une saga qui allait révolutionner le genre. La Megadrive n'est pas ridicule dans ce match, car si la réalisation est inférieure à celle de son concurrent, elle est loin d'être mauvaise. Et celui-ci prend même une nette revanche sur la durée de vie, nettement supérieure. Une donnée importante qui aurait pu faire la différence si Metal Slug n'offrait un tel plaisir de jeu, qui fait qu'on y revient inlassablement, comme le gourmand sur la boite de biscuits. Le titre de Nazca emporte ce duel pour sa réalisation (tout simplement somptueuse pour un jeu de 1996) ainsi que son gameplay en béton armé, son fun et son ambiance incomparables.