The Last Blade 2 VS The Killing Blade

 

Par Tibe

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Une opposition de styles mais aussi de générations a lieu dans ce comparatif entre un des chef-d'oeuvres de SNK, The Last Blade 2, et le second versus fighting de la jeune société taïwanaise IGS, j'ai nommé The Killing Blade. Le Polygame Master, le hardware fétiche de la firme, est une déclinaison moderne du MVS: support cartouche analogue, architecture 68000+Z80, capacités orientées 2D haut de gamme. Et côté technique, le jeune PGM surpasse le MVS sur pas mal de points. La résolution est supérieure (448x224 contre 320x224), le nombre de couleurs affichables plus élevé (32768 contre 4096). La cadence des processeurs est plus rapide aussi: 68000 à 20Mhz contre 12Mhz, Z80 à 8,5Mhz contre 4Mhz. Autant dire que sur le papier, le duel est loin d'être gagné pour The Last Blade 2. Le support utilisé pour TKB est bien plus récent et ses possibilités sont vastes. Le titre de SNK compense la relative faiblesse du hardware en utilisant une rom deux fois plus conséquente (554Mb contre 279Mb) mais surtout par une équipe de développement de très haut vol, rompue aux VS fighting games et à la programmation sur Neo Geo.

Graphisme

Une fois les jeux bootés, difficile de dire lequel des deux est programmé sur la machine la plus récente... à vrai dire, les rôles sont même plutôt inversés! Les intros et artworks de Last Blade 2 sont carrément divins, alors que son concurrent est tout juste banal. Le trait est fin, juste, les couleurs parfaitement choisies. Les personnages dégagent un charisme immense et les décors sont sublimes, prenant place dans le Japon du XIXe siècle. The Killing Blade est loin d'être moche, mais le trait est plus grossier, le character design parfois ridicule (les combattants n'ont strictement aucun charisme, n'ayons pas peur des mots!) alors que les décors sont de qualité inégale. Certains sont assez réussis, mais d'autres complètement foirés... et tous ont en commun un choix de couleurs assez douteux, trop flashy et peu en accord avec l'époque médiévale japonaise ici représentée. Côté quantité, le jeu d'IGS propose douze décors contre dix chez SNK. De plus, ceux-ci changent lorsque la barre de vie d'un des combattants entame sa deuxième moitié, à la manière d'un Samurai Spirits. Détail bien insuffisant pour combler l'écart de qualité graphique entre les deux softs.

The Last Blade 2    98                      59    The Killing Blade

Animation

A ce chapitre, The Last Blade 2 creuse encore l'écart. Alors qu'IGS ne propose qu'une animation basique - pour ne pas dire bâclée - manquant de décomposition, de précision mais pas de vitesse (ouf), SNK réalise ici un véritable travail d'orfèvre. Le jeu est doté de zooms pendant les combats, lorsque les adversaires s'éloignent ou se rapprochent. Les décors sont superbement animés: rivières, chutes d'eau, vent dans les arbres, ainsi que l'inoubliable maison en flammes et son effet de chaleur fabuleux. Les mouvements des personnages sont riches d'étapes d'animation, gracieux, stylés... et les divers effets 'pyrotechniques' ainsi que les giclées de sang sont ici mieux réalisés que chez le concurrent. Encore un score sans appel.

The Last Blade 2    97                      57    The Killing Blade

Bande Son

Mais qui était donc le compositeur de chez IGS pour ce jeu? N'importe qui sachant se servir d'un synthétiseur pourrait composer de meilleurs thèmes pour TKB. Pauvres, insipides, simplistes... les musiques sont quasi-inexistantes! Ou du moins, on aurait préféré qu'elles n'existent pas: c'est tout simplement de la merde. Le jour et la nuit avec TLB2, qui offre des thèmes variés, divinement orchestrés et collant diablement bien à l'époque et à l'ambiance du jeu. Coups de sabre, projectiles, lames s'entrechoquant, corps s'écrasant au sol, cris, bruits de tranchage... la Neo Geo une fois de plus offre des bruitages somptueux, percutants, transcendant les sensations des combats et rendant l'atmosphère pugiliste palpable! The Killing Blade n'offre en revanche que le strict minimum, avec beaucoup de samples empruntés à d'autres jeux, pour un ensemble d'effets sonores totalement médiocre.

The Last Blade 2    99                      45    The Killing Blade

Durée de Vie

Examinons d'entrée les rosters respectifs de nos deux jeux: douze personnages pour TKB, contre dix-huit (16+2) pour TLB2. Et si dans ce dernier, en plus l'on considère que chaque guerrier peut être joué de trois manières différentes (Speed, Power, Ex), ça fait quelques heures à rester scotché sur l'écran. The Killing Blade se rattrape grâce à son mode "Tag": on choisit une équipe de deux et l'on peut inter-changer les combattants à tout moment. Cela donne un peu de piment au jeu, qui en avait bien besoin... Malgré ça, The Last Blade 2 se montre plus riche et attachant que son concurrent, en plus d'offrir un challenge plus relevé.

The Last Blade 2    94                      65    The Killing Blade

Gameplay

TKB est accessible, fun, original: on s'amuse très vite et en faisant un peu n'importe quoi, un joueur novice peut exécuter enchaînements et coups spéciaux. La marge de progression existe bel et bien, les combos sont monstrueux (des dizaines de hits, exécutables très facilement) et pour réaliser les plus complexes il faudra somme toute un peu de pratique. Coups spéciaux nombreux, plusieurs furies par persos, combinaisons de boutons: la panoplie d'attaques est très complète, s'inspirant grandement de Samurai Spirits IV. La comparaison s'arrête là, car le reste fait preuve d'un certain amateurisme: hitbox fantaisistes, timing trop large, jeu imprécis... C'est vraiment plus qu'approximatif, là où SNK n'a rien laissé au hasard: The Last Blade 2 est riche, exigeant, précis, profond... La marge de progression est titanesque, le timing requis très fin, et la technicité proche de celle d'un KOF.

The Last Blade 2    95                      67    The Killing Blade

Conclusion

Le verdict est sans appel: Last Blade 2 et Killing Blade ne jouent vraiment pas dans la même cour! Le titre d'IGS a quelques qualités, se montre fun, accessible, correctement réalisé... mais reste très loin de pouvoir rivaliser avec la finesse, la précision et la beauté du jeu SNK. Techniquement, la Neo Geo se paye même le luxe d'écraser et d'humilier son rival le PGM, bien plus récent! Quant aux qualités intrinsèques de nos deux softs, là c'est le coup de grâce pour TKB: TLB2 propose davantage de personnages, plus de coups, un gameplay plus varié et infiniment plus précis... d'une qualité qu' IGS ne pourra que tenter de copier, sans jamais l'égaler. 

 

 

The Last Blade 2

96%

 

The Killing Blade

62%


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